Misaki est un élève médiocre qui ambitionne néanmoins d’entrer dans une université renommée, afin de poursuivre les études que son frère Takahiro a abandonné plus jeune pour prendre de soin de lui à la mort de leurs parents.
Pour ce faire, il compte suivre les cours de soutien d’Akihiko Usami, écrivain riche et célèbre, meilleur ami et amoureux transi de son frère. Celui-ci vit plus ou moins reclus et rédige dans le plus grand secret des romans érotiques mettant en scène sa relation fantasmée avec Takahiro. On suivra également les péripéties de Hiroki et Nowaki [1], mais aussi de Miyagi et Shinobu [2] qui composent un même réseau cohérent de relations homo-romantiques et littéraires.
Comme toujours dans le boy’s love, le récit inclut moult retournements de situations prévisibles, une dose de perversité, et un zeste d’érotisme très chaste, à l’usage des jeunes filles.
Du point de vue de la romance pure, les différents récits de Junjô Romantica sont décevants, tant la psychologie des personnages est absurdement codifiée (amours éternels oubliés en quelques jours, la victime du viol tombe amoureuse de son violeur, rapports rigides uke/seme [3]), si n’étaient les multiples astuces de Shungiku Nakamura qui compose à partir de lieux communs un canevas personnel, parsemé de moments burlesques plutôt bien sentis.
Si les néophytes resteront vraisemblablement à quai, les connaisseurs devraient apprécier la distance qui fait si cruellement défaut au genre.
Au titre des griefs, on citera une narration parfois défaillante, un encrage sans charme, ou l’usage hasardeux des hachures et des trames. Il s’agit d’un travail amateur, ni plus, ni moins. Quoique beaucoup de dôjinshi sont plus agréables à l’œil. Ce premier tome est assez déplaisant à lire, et si une suite d’un bien meilleur niveau (graphique en tout cas) n’attendait, rien ne pourrait justifier de s’y arrêter.
Soulignons que la traduction de ce titre est assez délicate, et que nombre de scantradeurs s’y sont cassé les dents. Il fallait donc qu’un éditeur sérieux s’y attarde pour que Junjô Romantica soit enfin lisible. On regrettera que tant de professionnalisme (même si le logo original est indéchiffrable et que l’accent circonflexe a été omis) vienne seulement entériner les choix de la communauté Internet, plutôt que de tenter la découverte de titres plus ambitieux, ou simplement plus accomplis.
(par Beatriz Capio)
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