6 Game — Par Shin Yamamoto — Éd. Glénat

Les frères Nakata ont pour ainsi dire une vie compliquée. Leurs parents les ont abandonnés, ils ont perdu leurs grands-parents, leur travail et leur maison, et il ne leur reste en tout et pour tout qu’un vieux van, du vieux mobilier et un smartphone pour deux.

Dos au mur, ils découvrent alors l’application 6 Game, un "jeu" qui leur propose d’aller combattre des monstres redoutables et de collecter une prime selon la force de la cible. Ce n’est qu’un jeu sur smartphone, alors qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?

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Un mélange d’Isekai, de Monster Hunter et de Bleach dans une série Shonen pur-jus : voilà la promesse de 6 Game, nouvelle série Glénat qui drague avec des gros sabots les fans de gaming les plus aguerris. Tous les codes habituels du jeu d’action sont repris, du tableau de quêtes aux pouvoirs spéciaux, et sans oublier les monstres gigantesques qui cassent tout en un coup de patte.

On suit l’histoire aux côtés de deux frères dont la vie est assez misérable, mais qui abordent leur quotidien de manières bien différentes : Kanade est du genre blasé et pragmatique, il voit le monde comme un gigantesque programme informatique dont les variables dans les lignes de codes sont les aléas qu’on appelle le "hasard". Son frère Kaname est plutôt du genre émotif au sang chaud, en colère contre tout et tout le temps.

Ensemble, ils découvrent missions après missions le monde plein de mystère de 6 Game, sans jamais vraiment comprendre s’il s’agit d’une illusion ou de la réalité. Motivé par l’argent pour sortir de leur vie de misère, ils font équipe avec une autre "joueuse" qui semble bien plus experte de 6 Game, et apprennent petit à petit à maîtriser leurs habilités.

6 Game n’a sans doute pas pour vocation de révolutionner le Shonen, passé cette espérance on a donc une série pleine d’action qui nous charme surtout par le dynamisme des bastons et l’envie d’en voir toujours un peu plus. L’histoire est basique et pas forcément le point fort du titre, mais elle est servie par des personnages principaux assez attachants qui restent malgré tout très archétypaux.

Le design des monstres rappelle sans aucune hésitation celui des Hollows de Bleach (sans aucun doute la série de chevet de l’auteur), le premier monstre que l’on croise (l’espèce de Minotaure) semble directement sorti de l’œuvre de Tite Kubo. Pour les pouvoirs des héros, on a de vagues inspirations de Jojo (chacun a un pouvoir bien précis et pas forcément hyper adapté au combat, que l’utilisateur va devoir dompter pour dévoiler son plein potentiel) et de Bleach pour le rythme et les chara-design.

Le dessin est soigné, même si pas transcendant. Les visages des humains sont particulièrement peu communs, pas moches du tout mais un petit temps d’adaptation sera sans doute nécessaire aux lecteurs.

Pas exempt de défauts, 6 Game reste une série Shonen qui tient ses promesses : nous divertir avec de l’action bien sympathique et pas du tout prise de tête. Elle témoigne surtout de l’importance du jeu-vidéo dans les inspirations du manga moderne, et de la façon dont la bande dessinée japonaise parvient à extraire les codes les plus essentiels du gaming pour les intégrer aux structures narratives typiques du Shonen.

Dans ce registre, Glénat propose notamment l’excellent Shangri-La Frontier qui cible exactement le même public que 6 Game. Si vous avez aimé l’un, vous adorerez l’autre, mais si vous n’êtes pas amateur de l’art du jeu-vidéo, passez vite votre chemin. Et détail qui finira sans doute d’en convaincre plus d’un : la série sera finie en trois tomes.