À la fin du tome 1, nous avions laissé Kamandi aux abords du Lac du Monstre, fusion et évolution des cinq grands lacs. Il y rencontre un poisson intelligent qui l’amène à découvrir la sanglante guerre se déroulant en mer, opposant dauphins et baleines. Ensuite, notre héros explore l’Empire des Démons qui a pris la place de l’Alaska et du Canada et qui se révèle être un paradis perdu revisité et menacé par l’homme... ou plutôt par ceux qui l’imitent désormais.
Cette aventure est également l’occasion d’un peu de géopolitique à dimension internationale où il est question d’un pacte lié à l’Atlantique Nord. Il y défile un nouvel ordre mondial, pastiche évident de celui de l’OTAN, mais où les États-Unis semblent « oubliés ». Ceci est rattrapé néanmoins dans l’épisode suivant consacré à un mythe, celui du « Puissant », vénéré par une tribu de gorilles et qui n’est autre que Superman -qui fut ironiquement impuissant à sauver l’humanité.
Cependant tout ceci demeure presque un amuse-bouche, au déroulement linéaire et sensé, par rapport à la seconde partie du tome. En effet Kamandi va croiser la route d’une entité extraterrestre qui va changer la dynamique du récit. Elle aussi exploratrice à sa façon de ce monde dévasté, l’entité va prendre forme humaine et donner naissance au personnage de Pyra. Avec elle -et grâce à son vaisseau- les lieux visités deviendront bien plus variés géographiquement – dont l’espace pour une aventure horrifique !
Une nouvelle fois les espoirs de Kamandi de trouver des humains intelligents sont déçus, et parfois de façon perverse (on pense notamment à l’épisode des motards). Mais qu’importe finalement pour le lecteur car ses aventures empruntes d’étrangeté et de mystère, et peuplées de décors exotiques et de créatures improbables, restent aujourd’hui encore étonnantes et fascinantes.
Le tome se termine sur l’épisode #40, le dernier dessiné par Jack Kirby qui a laissé sa place de scénariste à Gerry Conway à partir de l’épisode #37. De ce fait comme souvent, l’intégrale se termine avec certains éléments d’intrigues en suspend, comme la question de savoir ce qu’il est advenu de Pyra après sa fuite de la citadelle reptilienne.
Il n’y a cependant aucune raison de bouder son plaisir. Le "king" des comics développe dans Kamandi tout son talent graphique sans aucune entrave, avec une adéquation souvent remarquable entre son propos et son dessin (comme le conseil de guerre ou encore l’épisode de l’hôtel où le client est roi). Passant de l’absurdité de la guerre et de la violence aux expériences métaphysiques, c’est finalement son humanisme qui brille ici, entre espoir et horreur du monde.
(par Guillaume Boutet)
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