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L’Homme qui voulut être roi : God Save the King !

Par David SPORCQ le 12 juin 2023                      Lien  
Cette magnifique histoire écrite par Rudyard Kipling en 1888 et adaptée au cinéma en 1975 avec Sean Connery et Michael Caine dans les rôles principaux est maintenant disponible en bande dessinée. Comme le précise Didier Convard dans la préface de l’album, l’œuvre originale est respectée.

Deux anciens militaires de l’armée britannique devenus vagabonds, volontiers arnaqueurs, ont la ferme intention de changer de condition sociale. Ils visent haut, très haut. Ils décident de partir sur les traces d’Alexandre le Grand, d’atteindre une région reculée, de la conquérir et d’en devenir les rois. Afin de mettre à bien ce projet très ambitieux et insensé, ils quémandent l’aide d’un journaliste, franc-maçon tout comme eux, Rudyard Kipling. Ce dernier tente d’abord vainement de les dissuader, estimant l’aventure irréalisable et pas en accord avec les principes maçonniques. Mais face à leur obstination, il leur fournit les renseignements nécessaires afin d’ accéder à ces territoires reculés et hostiles. Il devient également le témoin du contrat qu’ils signent devant lui et par lequel ils jurent de ne consommer ni alcool ni femme jusqu’à ce que leur mission soit accomplie.

L'Homme qui voulut être roi : God Save the King !

Les péripéties pour atteindre pour leur but sont multiples. Ils devront franchir des montagnes, des crevasses, éviter des avalanches, combattre des populations autochtones inhospitalières. À un moment, leur rêve fou sera pourtant réalisé mais la mégalomanie de l’un d’eux entraînera leur perte.

Ce conte est une double allégorie. On peut y déceler une transposition de l’expansionnisme de l’empire britannique au XIXe siècle d’une part et d’autre part, l’éternelle insatisfaction de l’être humain qui désire toujours davantage, même son idéal atteint.

Enfin, cette nouvelle démontre que des hommes, même parmi ceux qui devraient être animés de bons principes, peuvent tomber dans leurs travers et prouver qu’ils ne seront jamais que des hommes avec leurs faiblesses et vicissitudes.

Cette transposition en BD est une réussite. Les couleurs particulièrement, irréelles, aux dominantes jaunes et mauves, qui projettent le lecteur dans un songe. Le récit est captivant. Dommage toutefois de ne pas retrouver les notes d’humour qu’apportait le jeu d’acteurs du film de Huston. Mais c’est comme cela, c’est la loi du genre.

(par David SPORCQ)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782344047958

L’Homme qui voulut être roi - Par Jean-Christophe Derrien & Rémi Torregrossa, d’après Rudyard Kipling – Glénat

Glénat ✍ Jean-Christophe Derrien ✏️ Rémi Torregrossa à partir de 13 ans France
 
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7 Messages :
  • L’Homme qui voulut être roi : God Save the King !
    13 juin 2023 20:24, par Kyle William

    Tiens, en voilà un qui dessine très bien. Ce n’est pas si fréquent.

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    • Répondu par Milles Sabords le 14 juin 2023 à  08:27 :

      Dommage que la colorisation ne met pas en valeur le dessin. L’Inde étant un pays de contrastes forts, de couleurs chatoyantes et bigarrées, tout ce mauve et ces verts acides jusqu’au Tigre d’un orange douteux, rien ne sauve la colorisation.

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      • Répondu le 14 juin 2023 à  12:44 :

        « L’Inde étant un pays de contrastes forts, de couleurs chatoyantes et bigarrées ». Et en voilà un qui a avalé son Guide du Routard. Les couleurs de cet album ont l’air au contraire aussi réussies que le dessin. Je vais aller le feuilleter d’urgence.

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    • Répondu le 14 juin 2023 à  14:58 :

      C’est ça qui est fascinant avec le dessin. Ce qui apparaît sincèrement "très bien dessiné" à l’un peut paraître un peu fade et très conventionnel à l’autre, tout aussi sincèrement. C’est le cas ici par exemple

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      • Répondu le 14 juin 2023 à  16:27 :

        Ca n’a rien de contradictoire. On peut très bien dessiner et rester fade et conventionnel. ça s’appelle l’académisme. C’est le cas chez Thierry Démarrez, qui est un excellent dessinateur. Ou chez Emmanuel Guibert quand il publie ses croquis par exemple. Dans ses BD, par contre, Guibert a développé un sens de l’épure qui le distingue déjà davantage de l’académisme. C’est le cas aussi ici chez Torregrossa, semble-t-il. Déjà le parti-pris de la ligne claire réaliste montre une vraie maturité dans le désir de lisibilité. Jusque dans les couleurs, ça me fait penser aux premiers Dieter Lumpen de Pellejero, ce qui est une très bonne référence. A voir de plus près en tout cas.

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      • Répondu par Milles Sabords le 18 juin 2023 à  16:09 :

        Je n’ai jamais dit que le dessin était fade, au contraire, c’est la couleur qui ne colle pas avec l’ensemble. Et pas besoin d’avaler le guide du Routard pour s’en apercevoir, il suffit juste de na pas avoir les gouts d’un caméléon neurasthénique.

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        • Répondu le 19 juin 2023 à  09:35 :

          Qu’il est susceptible celui-là ! Vous pouvez penser ce que vous voulez des couleurs et du dessin. C’est le fait que vous parliez de l’Inde avec tous les clichés d’un guide touristique qui me faisait rire.

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