Si l’histoire traite d’un sujet grave, l’antisémitisme vécu sous l’occupation par un enfant poète et rêveur ; si certains personnages manquent parfois de profondeur, la cause mérite d’être chaleureusement défendue.
Dans ce deuxième tome, on retrouve donc Simon, jeune orphelin juif fasciné par les oiseaux mais balloté par la violence et l’antisémitisme de ces années noires.
Réfugié dans une famille de paysans, notre jeune héros est vite rattrapé par l’histoire (celle avec un grand H) ou plutôt par la milice de Vichy investie dans la chasse aux juifs. Bien que recueilli par un résistant taciturne et solitaire, il ne tarde pas à se retrouver interné dans un camp de concentration. C’est là qu’il retrouve Ada, une jeune fille d’origine russe .
Dans l’enfer de ce camp de la mort c’est encore une fois son amour des oiseaux qui lui permettra de survivre au cauchemar.
Arno Monin assure dessins et couleurs. Son graphisme personnel sonne juste, la lumière et les éclairages contribuent à rendre son trait lisible et percutant, ce qui ne dessert en rien le propos.
L’histoire due à Laurent Galandon évite le pathos ou la sensiblerie. Fort de ses expériences auprès del’atelierbd.com et dans le cinéma d’Art et essai, il réussit parfaitement à concilier les contraintes narratives du médium et ce qui relève du devoir de mémoire.
Sujet difficile la Shoah reste peu abordée en BD pour les jeunes lecteurs. Sans avoir la force de Maus de Spiegelman ou les excès esthétisants et pédagogiques du Auschwitz de Pascal Croci, ces albums nous font vivre cette histoire racontée « à hauteur d’enfant » de façon haletante et passionnante.
On ne peut que souhaiter un large succès à cet album qui tout en faisant honneur à la collection Grand Angle contribue à donner une vision juste et crédible d’un fait historique majeur tout en mêlant habilement rêve et réalité.
A lire de toute urgence et à tout âge !
(par Patrice Gentilhomme)
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