La Pampa, chez Muňoz, ce sont d’abord des ciels aux couleurs profondes, bleu foncé ou lilas, puis une naissance dans un lavis noir et blanc, taché comme un test de Rochach, enfin Buenos Aires avec ses nuits crues hantées par les demi-sels, avec ses bars interlopes comme ceux que fréquentait le père de l’artiste, ses arbres tortueux, ceux du quartier de son enfance, La Paternal et ses maisons longues et étroites aux patios arborés où poussaient des figuiers et des vignes. [1]
Ce sont ces images-là que Muňoz nous offre dans ce recueil publié par Futuropolis. On y retrouve son trait anguleux et ses vignettes gorgées de lumière. Ses aquarelles, ses gouaches, ses pastels sont à l’opposé de la noirceur habituelle de ce prince du noir et du blanc. Elles nous livrent au contraire des associations de couleurs inédites qui nous enchantent. Il y a un trait Muňoz, reconnaissable entre mille. Il y a désormais une palette de couleurs qui enrichit notre perception d’émotions nouvelles et qui nous marque à jamais, comme chaque fois que l’on rencontre un maître.
La Pampa est aussi un album empreint de nostalgie, comme ce tango de Carlos Gardel, La Canciōn de Buenos Aires, aux accents semblables :
« Buenos Aires, quand j’étais loin de toi,
je n’avais qu’une consolation :
Soupirer pour toi, sous le soleil d’un autre ciel ». [2]
Cela rejoint ce qu’écrit Muňoz dans ce beau livre :
D’être si lointain
Tout est devenu proche.
(par Didier Pasamonik - L’Agence BD)
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[1] Lire la longue interview de José Muňoz parue sur BDParadisio.com lors de l’exposition « Breccia-Muňoz, l’Argentine en noir et blanc » au Palais des Beaux-Arts de Charleroi.
[2] Je vous recommande, à ce sujet, le très beau livre de mon ami Nardo Zalko, Paris-Buenos Aires : Un Siècle de Tango (Editions du Félin), à qui j’emprunte cette citation.