Vallora qui approvisionne la Suisse alémanique l’a censuré, Muriel Jarp, journaliste pour Le Matin ayant écrit que : « plusieurs scènes sont couvertes de feutre noir, et une page a été arrachée. » Du côté Romand, la réaction suscitée par certains dessins du magazine a été encore plus violente, puisque le distributeur Naville a lui choisi de retirer bel et bien ce numéro de la revue française de la vente.
Les deux distributeurs impliqués se servent de la loi suisse pour justifier leur décision et principalement de l’article 197 du Code Pénal Suisse qui interdit toutes représentations sexuelles avec enfants, animaux, excréments ou violence : « La loi est formelle, a déclaré Jean-Christophe Faré, directeur de Naville Presse à Genève au Matin, le distributeur est coresponsable et il peut être condamné. »
Du côté de la loi, les avis sont partagés. Il existe en effet une exception à cet article du Code Pénal. En cas de valeur culturelle avérée, il n’entrerait pas en cause. Peut-on l’attribuer à ce cas particulier ? l’avocat Patrick Stoudmann explique que : « Si on estime que la BD est un art et que l’histoire est digne d’intérêt, il y a valeur culturelle. » En fait tout est question d’interprétation, mais selon le juriste suisse, le risque de poursuites dans cette affaire semble mince : « Ce sont surtout des précautions que prend le distributeur. »
Claude Magiorri, le rédacteur en chef du magazine, et Willem ont naturellement réagi aux prise de positions des distributeurs suisses. Le premier rappelant que « Des excréments, il y en a plein dans les sales blagues. Mais censurer une blague parce qu’elle est grasse, c’est comme empêcher le sel d’être salé ! » et le deuxième émet des regrets pour ses lecteurs, mais jure qu’il ne va rien changer : « j’ai l’habitude de travailler en toute liberté ! »
En mars, L’Écho des Savanes devraient être de retour dans les kiosques suisses. Toutefois, Naville a inscrit le magazine dans sa liste noire. Désormais, ses contenus seront systématiquement et méticuleusement surveillés et analysés.
Pudibonderie malvenue ou prise de position courageuse ? Les avis divergent sur les dispositions appliquées par les distributeurs suisses face à des dessins au goût finalement relativement douteux. Si le débat est relancé sur les limites dans la provocation, L’Écho des Savanes semble bien avoir atteint celle des Suisses !
(par Olivier Wurlod)
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