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Le Syndicat BD des éditeurs alternatifs (SEA) répond aux Indignés de la BD

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 4 juin 2015                      Lien  
Contrairement à un groupement de citoyens d'Angoulême qui se sont réunis en une association des "Indignés de la BD" un peu improvisée, le Syndicat des éditeurs alternatifs regroupant des petits éditeurs comme L'Association, Cornélius, Les Requins Marteaux ou L'Employé du Moi, semble souhaiter quant à lui la reconduction sans condition du contrat entre le FIBD et 9ème Art+, alors même que la section BD du SNE semble recommander de ne pas le continuer...

Attaquant un groupe qu’ils accusent être constitués de "sympathisants de la mairie" (ce qui, à notre connaissance, n’est pas le cas), n’hésitant pas à traiter leur appel de "manœuvre indigne", le SEA appelle à "prolonger le partenariat avec 9ème Art+", à leurs yeux paré, à quelques réserves près, de toutes les vertus.

De son côté, le SNE appelle le président de l’Association du FIBD à dénoncer le contrat et, en revanche, à engager une nouvelle négociation, qu’il souhaite curieusement "exclusive" avec 9eArt+. Sans appel d’offre public, donc ?

Ce qui ressort de ce communiqué, c’est la peur, apparemment panique, de voir la ville prendre la main sur le FIBD. Il est vrai que le fonctionnement quelque peu chaotique des instances politiques tutelles de la Cité et un climat général de suspicion à l’égard la chose publique, ont pu ébranler la confiance des uns et des autres.

Reste ces quelques questions :

Le Syndicat BD des éditeurs alternatifs (SEA) répond aux Indignés de la BD Quelle est la position des auteurs et de leur Syndicat dans cette affaire ? Ils nous semblent un peu oubliés dans les déclarations d’intention des uns et des autres ;

- Comment le Festival envisage-t-il l’avenir en concordance avec les forces vives d’Angoulême, les entreprises et les institutions qui l’animent toute l’année ? Ce projet ne semble pas exister pour l’instant et n’a pas été proposé à l’Association du FIBD.

- L’Association du FIBD et 9eArt+ opèreront-ils en dehors de cette opacité qui a été la sienne jusqu’à présent, cette opacité tant redoutée par nos éditeurs alternatifs ?

Elles sont aujourd’hui sans réponse. Comme on disait à Tournai en 1978 : À suivre...


COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU SYNDICAT DES ÉDITEURS ALTERNATIFS

Le festival d’Angoulême nous avait habitués à des crises, le plus souvent automnales, au gré des variations politiques locales. Innovation en 2015 : la crise éclate au printemps, à l’occasion de la fin du contrat qui liait l’association du festival à la société qui l’organise, 9ème Art+.

La mairie d’Angoulême exerce actuellement de fortes pressions sur l’association du festival (FIBD) afin qu’elle ne renouvelle pas le contrat avec 9ème Art+, comme elle était en train de le faire à des conditions qu’elle juge favorables. Les nombreuses prises de position de Samuel Cazenave, l’adjoint à la culture et nouvellement nommé Président de la Cité de la bande dessinée, font craindre une tentative de contrôle, direct ou indirect, d’un festival jusqu’alors indépendant. Pourtant, les auteurs et les éditeurs sont majoritairement attachés à cette indépendance, qui seule a permis de faire du festival la référence qu’il est aujourd’hui.

À quelques heures d’une réunion cruciale pour le destin de la manifestation, une pétition surgit opportunément sur internet, fruit d’un groupe baptisé, non sans indécence, « Les indignés de la bande dessinée d’Angoulême ». Cette pétition, qui reprend presqu’à la lettre les déclarations d’intention de Samuel Cazenave, laisse peser le doute sur ses initiateurs. Car, hormis les deux anciens présidents de l’association, Yves Poinot et Jean Mardikian, qui endossent le rôle de porte-paroles, l’opacité est bien entretenue sur ce « mouvement informel de citoyens, d’acteurs culturels et économiques ». Il est pourtant possible d’apprendre qu’on y trouve bien peu d’auteurs et d’éditeurs, pourtant nombreux dans la région, et beaucoup de sympathisants de la mairie…

Nous, éditeurs du SEA, voulons dire notre consternation face à la manœuvre indigne de ces "indignés". Nous voyons cette nouvelle tentative de déstabilisation du festival avec découragement et ne comprenons pas qu’on en soit encore à ce stade après 42 ans d’existence d’un événement qui a permis de développer l’écosystème de la bande dessinée tout en dotant la ville d’une réputation internationale.

Nous plaidons pour que le respect et la coopération soient le cœur d’une manifestation qui dépense depuis toujours trop de temps et d’énergie à lutter contre les velléités régulières de prises de contrôle qui ont jalonné son histoire. À l’âge qu’il a atteint, le festival n’appartient plus à personne, car il appartient à tout le monde ; il relève du bien commun. C’est par la préservation des équilibres qui le sous-tendent que le festival pourra conserver son indépendance, et par là-même la diversité qui fonde sa qualité.

Nous souhaitons que le FIBD reste indépendant et puisse, s’il le souhaite, prolonger le partenariat avec 9ème Art+, un organisateur qui, s’il n’est pas exempt de critiques, aura permis de porter la manifestation à un niveau de professionnalisme et de rayonnement qu’il n’avait pas auparavant.

Nous sommes enfin portés à considérer avec perplexité des promesses déjà proférées par une longue descendance d’élus locaux qui, en 42 ans, n’ont pas trouvé nécessaire de doter le festival de structures pérennes, entraînant ainsi des dépenses répétées annuellement et contribuant à maintenir dans une forme de fragilité l’événement majeur d’une ville qui se surnomme elle-même « La cité des festivals ».

En espérant que l’intérêt général finira par prévaloir sur les intérêts particuliers, nous souhaitons longue vie au Festival d’Angoulême, dont la ville et le milieu de la bande dessinée pourraient difficilement se passer.

Les éditeurs du SEA,

L’Association, Arbitraire, Atrabile, Bicéphale, Çà et Là, Cornélius, Dérive urbaine, Éditions 2024, FLBLB, Frémok, Hécatombe, ION, Ici-même, L’Apocalypse, L’Égouttoir, L’Oeuf, L’Employé du moi, La 5ème Couche, La Cafetière, La Cerise, Le Lézard noir, Les Requins Marteaux, Les Rêveurs, Matière, Misma, NA, Pré Carré, Rackham, Radio as Paper, 6 pieds sous Terre, Super Loto, Tanibis, The Hoochie Coochie, Une Autre Image, Vide Cocagne

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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6 Messages :
  • Arrêtez avec vos histoires d’appel d’offre public !! Il me semble que l’association, propriétaire du festival d’Angoulême est une entité PRIVEE ! Elle a parfaitement le droit de contracter avec qui elle le souhaite sans appel d’offre public. Quand bien même elle perçoit des subventions publiques.C’est de la désinformation....

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    • Répondu le 6 juin 2015 à  15:35 :

      Non, l’association ne reçoit pas de subventions. Celles-ci (pour un montant de plus de 2 millions d’euros) sont versées par l’Etat et les collectivités directement à 9eArt+. Et ceci, sans aucune mise en concurrence. C’est là (entre autres) qu’il peut y avoir un petit problème juridique... De toute façon, en terme de droit, il n’y a qu’une seule parole : celle du juge.

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  • Les éditeurs représentés par ce syndicat ont peut-être de bons rapports avec 9ème Art+. Si on observe un peu les prix et les sélections de ces dernières années ainsi que certaines manifestations et expositions, on peut comprendre qu’ils n’aient pas intérêt à ce que le vent tourne.
    Le problème de L’Association, Cornélius, Les Requins Marteaux ou L’Employé du Mois… : ils sont déjà démodés. Mouvement générationnel qui ne parle pas au moins de 25 ans. Les auteurs de cette mouvance qui ont su toucher un plus vaste lectorat ont ou bien choisi d’alterner ou bien de publier définitivement chez les "gros éditeurs", ceux du SNE, comme par hasard. Le SEA a probablement intérêt à ce que Monsieur Bondoux et ses amis restent en place. À chacun ses conservatismes.

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    • Répondu le 5 juin 2015 à  16:26 :

      « Mouvement générationnel qui ne parle pas au moins de 25 ans. »
      Vous voulez parlez des rééditions et reprises de toutes ces séries franco-belge à la papa qu’on voit fleurir en ce moment ?

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  • Bonjour,
    Juste un élément de réponse à la question posée par le rédacteur de l’article : "quelle est la position des auteurs et de leur syndicat [...] ?"
    Le Snac BD ne prendra pas position dans un tel débat : ce n’est pas dans ses prérogatives, ce n’est pas son rôle, ces questions n’entrent pas dans le champ de la représentation et de l’action syndicale. Chaque auteur, membre du Snac BD ou non, est par ailleurs libre de ses opinions concernant cette controverse.
    En revanche, et vous avez raison de le souligner, toute démarche qui consisterait à remettre les auteurs au centre d’une telle manifestation serait évidemment bienvenue. Et quelle que soit l’issue, le Snac Bd entend rester, en toute indépendance, au service des auteurs, et leur représentant impartial.
    Maël / Snac BD

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  • Petite question d’un simple lecteur, un peu benêt : cette situation, c’est un panier de crabes, un nid de guêpes ou un marigot ?

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