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Le Voyage céleste Extatique – Par Clement Vuillier – Editions 2024

Par Gallien Chanalet-Quercy le 15 juin 2015                      Lien  
Le voyage céleste suit les déambulations de Jean et Cosmiel, à travers différents mondes. De la lune à Pluton en passant par le soleil. Clément Vuillier et 2024 signent un album qui casse les codes de la bande dessinée classique et pousse hors des carcans habituels le concept d’art graphique appliqué à la narration.

Jean et Cosmiel on été touchés par la grâce des Instances Supérieures et sont libérés des contingences de leur corps physique. Devenus matières éthérées flottant dans l’univers, ils déambulent, pleins de curiosité, de planète en planète. Silencieux et contemplatifs, leur voyage est rythmé par les leçons de métaphysique que le sage Cosmiel prodigue à Jean le novice.

Le Voyage céleste Extatique – Par Clement Vuillier – Editions 2024 Le contexte de ce livre étrange au premier regard est particulier.
Au commencement, il y a le Voyage Extatique céleste d’Athanasius Kircher, jésuite allemand du XVIe siècle. Kircher se situe quelque part entre le génie précurseur et le cancre illuminé. Auteur de nombreuses théories, il a, en tant que scientifique, cette particularité que toutes ses intuitions se sont avérées fausses, ce qui l’a plongé dans l’anonymat tout en le rendant très sympathique. Son Voyage céleste est un ouvrage métaphysico-scientifique relatant un trip étrange dans un univers révolu.

À défaut de savoir si l’univers du voyage céleste de Clément Vuillier est lui aussi révolu, il est assurément étrange. Ce contexte donné, le trip graphique débute. Les dialogues sont séparés des dessins, successions d’illustrations en pleines pages dont chacune aurait sa place dans une galerie d’art.

La structure de la narration et du chapitrage reste linéaire, mais remarquablement audacieuse dans sa recherche graphique. À chaque point, correspond une planète, une étape du voyage, à laquelle répond une page, un dialogue, une illustration.
Cela reste simple tout en étant innovant, avant-gardiste, sans être fouillis.

Il est évident que le format peut surprendre et interroger. Au premier abord, il est légitime de se demander « mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? ». Mais comme souvent chez 2024, l’intelligence du fonds prend le dessus sur les interrogations de la forme.

On y parle, entre autre, de subjectivité de la perception, de la façon d’appréhender le temps, la distance et le voyage. C’est sûr que c’est moins facile d’accès que les Blondes en BD… Mais se forcer à réfléchir, ce n’est jamais grave. Et le choix de la forme prend son sens, pour convaincre petit à petit le lecteur, et le laisser séduit à la dernière page.

Contrairement à ce que pensent certains l’audace dans les arts graphiques n’est pas l’apanage de quelques bobos intellos parisiens (de toute façon, chez 2024 ils sont strasbourgeois). S’y plonger peut de prime abord paraître ardu au lecteur, mais le plaisir d’explorer des formes de narrations osées qui sortent des carcans habituels est tel qu’il vaut vraiment la peine de passer outre certaines habitudes.

Ce livre est beau, ce livre est intelligent. Ce n’est certes pas de la BD au sens classique du terme, mais, quel kif que ce Voyage Céleste !

(par Gallien Chanalet-Quercy)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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7 Messages :
  • J’apprécie beaucoup de découvrir cet objet étrange duquel toutefois, émane une impression de déjà vu, il à toute sa place sur ce site ou on parle aussi de dessin. En revanche, vos comparaisons avec la BD simplement populaire et votre péjoratif « carcans habituels », sont déplacées, déforce votre article et révèle la gêne que vous avez à en parler. En fin de compte, vous le vendez comme au télé-achat : « ce livre est beau ! ce livre est intelligent ! » agrémenté d’un « quel kif ! » comme dirait Nabila. Ce livre, avec récemment « Here » de Mc Guire, c’est l’émergence d’un nouveau courant : « la non-BD ». Comme autrefois Fremok, voilà les fruits du nihilisme de la jeunesse et sa naïveté sincère à penser qu’elle réinvente la roue. C’est ce foisonnement créatif qui est réjouissant et qu’il convient de relever et non pas d’opposer des genres dans une sorte de concours d’intelligence. Tout coexiste enfin, réjouissons-nous, sans rêver que le particulier devienne la norme.

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    • Répondu le 15 juin 2015 à  21:35 :

      Il est toujours plus facile de fabriquer un objet pseudo intello que de s’atteler à réaliser une véritable bd qui soit réussie. Le sous-texte est toujours "je suis bien trop intelligent pour m’abaisser à faire de la bd, ce produit vulgaire !", pourtant réaliser une bd demande bien plus de travail et d’intelligence.

      (La remarque est générale, je n’ai ni vu ni lu ni feuilleté ce livre-là, qui est peut-être très bien.)

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      • Répondu le 16 juin 2015 à  00:24 :

        Et ce qui est encore plus facile -plus facile que tout vraiment- c’est d’émettre une opinion pseudo-intello à charge anonymement. La preuve, je suis en train de le faire avec la plus mauvaise foi du monde, sans risques ni conséquences. Tout comme vous.

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        • Répondu par Laurent Colonnier le 16 juin 2015 à  17:23 :

          Ce n’était pas voulu que ce soit anonyme, d’habitude mon nom reste inscrit dans le cartouche du formulaire, contrairement à vous j’assume mes propos.

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          • Répondu le 16 juin 2015 à  21:21 :

            Ah pardon. En effet si j’avais su que c’était vous je me serais abstenu de commenter.

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      • Répondu par cordebois le 16 juin 2015 à  18:33 :

        Vous écrivez sous-texte ; j’aurais tendance à lire procès d’intention...

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        • Répondu le 2 avril 2016 à  17:22 :

          Livre magnifique, intelligent, simple et propre dans sa conception. Un plaisir à parcourir. (autre type de travail que la BD, cela n’a rien à voir dans la conception éditoriale du produit)

          On critique pas quand on connaît pas.

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