Parmi les premiers titres de la collection Onomatopée, voici les débuts de Martin Desbat, jeune auteur à l’humour mélangeant parodie de super-héros (ce qui semble être à la mode en ce moment) et critique sociale. En effet, si les poules ont aujourd’hui des dents, c’est parce qu’on les as nourries de chair de leurs congénères. Le cannibalisme comme métaphore de notre société, c’est plutôt bien vu.
Le personnage de Mégamonsieur, un jeune idéaliste qui boit du thé vert en se disant qu’il sauve des paysans, est à la fois gentiment ridicule et attachant. Ses dialogues (il met des "mégas" un peu partout) sont à l’image de cet improbable héros dont Superman et Batman envieraient l’originalité de l’origine (ça, c’est de l’allitération) : une vieille maison mourante sur le point d’être abattue pour cause de rénovation du quartier lui donne naissance, et il est adopté par les éboueurs. Bon, il n’a pas de super-pouvoir, mais ça ne l’empêchera pas de s’élancer à la poursuite des malfaisants volatiles qui, comme tout bon vilain de fiction, sont tout de même à plaindre : après tout, ils n’ont pas demandé à être parqués dans une usine, ni à consommer des carcasses de volailles.
Le dessin de Martin Desbats, s’il ne se démarque pas beaucoup de ce qui se fait en BD française de nos jours, a pour lui une belle mise en couleur chaude et variée qui rend la lecture des plus agréables.
Le scénario de cet album va de rebondissement en surprise, faisant montre d’une conscience sociale passée à la moulinette de l’absurde. On se marre bien, en ayant l’impression que l’auteur ne prend pas son lecteur pour un imbécile, heureux ou pas.
(par François Peneaud)
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