Ne vous fiez pas aux quelques premières planches qui débutent l’album. Cette séquence guerrière aussi réussie soit-elle est pratiquement la seule de ce premier épisode. Un négociateur est envoyé en France par un comité secret américain afin de demander de l’aide matérielle et plus précisément des armes.
Les auteurs mettent en scène tout le jeu diplomatique, véritable jeu de dupes où chacun se ment et essaye d’y trouver son intérêt. On tergiverse, on se tâte, on négocie pendant qu’un peuple se bat désespérément avec de maigres moyens et une armée fantoche hétéroclite et mal équipée.
L’ action se déroule donc essentiellement dans les bureaux des ambassades ou les couloirs du château de Versailles. La France est trop contente de saisir cette opportunité qui lui permet d’affaiblir la « perfide Albion » face à laquelle elle vient de sortir vaincue de la guerre de sept ans.
Sur cette scène internationale où se joue le destin d’un peuple et celui du monde, le dramaturge Pierre-Augustin Caron de Beaumarchais, est dans son élément et excelle d’improvisation car il faut jouer très finement. En effet, s’il faut fournir des armes aux colons américains, cela doit s’accomplir en toute discrétion d’autant que la France royale ne voit pas d’un très bon œil d’aider un peuple en révolte contre un monarque, fut-il ennemi. Les Anglais sont les maîtres des mers qu’ils sillonnent afin d’interpeller toutes cargaisons illicites.
Pendant qu’on manigance en dentelles, perruques et en bas de soie, que l’on cherche à s’enrichir si possible, que des drames personnels surviennent, la guerre se prépare... L’ Angleterre envoie des renforts conséquents pour mater cette révolte d’un peuple qui se bat pour sa liberté. L’apport en armes et munitions de la France, tant attendu par les colons américains pour soutenir leur rébellion arrivera-t’ il à temps ?
Un épisode de l’histoire humaine qui n’est pas sans lien avec une bien triste actualité...
(par David SPORCQ)
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