BD d’Asie

Make the exorcist fall in love T. 1 & 2 - Par Aruma Arima et Masuku Fukayama – Ed. Soleil Manga

Par Gaëlle BEDIS le 8 novembre 2023                      Lien  
Ce shonen d'Aruma Arima et Masuku Fukayama mêle action, romance et humour, le tout sur fond de religion et de lutte contre le mal, avec une touche de fantastique. Explosif et surprenant !

Une intrigue originale portée par des personnages plus profonds qu’il n’y paraît.

Tous les ingrédients du nouveau shonen d’Aruma Arima sont clairement indiqués dans le titre : un exorciste est poussé à tomber amoureux. Satan est le commanditaire de cette mission qui fait intervenir les démons des sept péchés capitaux, comme on le découvre au début du manga.

Make the exorcist fall in love T. 1 & 2 - Par Aruma Arima et Masuku Fukayama – Ed. Soleil Manga
Make the exorcist fall in love, tome 1 - Couverture
© Aruma Arima - © Masuku Fukayama

Les personnages sont intéressants, avec un enfant ado anonyme sauvé des griffes de l’enfer et instrumentalisé par le Vatican pour devenir exorciste, Izumi, une jeune et jolie peintre, en réalité une succube au service de Satan, recrutée par ce dernier pour faire chuter l’exorciste (on en revient au titre) et des méchants bien caricaturaux, comme dans tout shonen qui se respecte.

Make the exorcist fall in love, tome 1 - Extrait 1
© Aruma Arima - © Masuku Fukayama

Le tome 1 fait aussi intervenir un prêtre clairement hors normes, qui boit et succombe aux charmes féminins sans vergogne alors qu’il est censé être le mentor du futur exorciste. Lorsqu’il comprend que celui-ci ne sait pas ce que signifie aimer ou être aimé, ce prêtre tente de lui expliquer ce qu’est l’amour et lui affirme que ce sentiment le sauvera et le rendra puissant.

Make the exorcist fall in love, tome 1 - Extrait 5
© Aruma Arima - © Masuku Fukayama

Ce personnage ambivalent et assez mystérieux est malheureusement absent du tome 2 qui prend une tournure un peu plus légère tout en gardant sa profondeur de scénario. Les scènes domestiques entre Izumi et celui qu’elle surnomme "P’tit curé" sont parsemées de touches d’humour qui viennent équilibrer la noirceur du récit et la relation qui se dessine entre eux est mignonne, la succube se retrouvant piégée à son tour par ses sentiments.

Make the exorcist fall in love, tome 1 - Extrait 2
© Aruma Arima - © Masuku Fukayama

Un shonen au discours problématique

L’un des problèmes de ce manga par ailleurs très sympathique et agréable à lire est son discours qui joue à fonds la carte de la provocation et l’incitation à la violence, comme dans tout shonen qui se respecte, direz-vous.

Le petit séminariste de 12 ans est agressé sexuellement dans le premier tome et, même si les auteurs ne dessinent pas tout, la scène est on ne peut plus explicite et pourrait choquer la sensibilité des plus jeunes. On comprend dans le tome 2 que cet évènement l’a traumatisé car la vue du corps d’une femme nue lui fait perdre le contrôle et déployer sa puissance, ce sur quoi joue Mammon, le démon de la cupidité, qui veut se battre contre lui et le pousse dans ses retranchements en le provoquant toujours davantage.

Make the exorcist fall in love, tome 1 - Extrait 3
© Aruma Arima - © Masuku Fukayama

L’escalade de violence dans le combat du tome 2 ravira les fans du genre mais heureusement, son interruption prête à rire et rééquilibre le rapport de force violence/ humour, atténuant ainsi un peu le problème évoqué plus haut.

Les propos que tient Mammon dans le tome 2 posent également question car ils véhiculent trois clichés déjà bien établis et sur lesquels la réflexion de nos sociétés modernes actuelles peinent à évoluer : les hommes doivent forcément se battre pour être considérés comme tels, les femmes sont des êtres à dominer et quoi qu’il arrive, la cupidité gagne toujours.

Make the exorcist fall in love, tome 2 - Couverture
© Aruma Arima - © Masuku Fukayama

Certes, on peut et il faut probablement prendre ce discours au deuxième, voire dixième degré mais il n’en reste pas moins que les mots sont posés noir sur blanc et que le public adolescent visé par ce shonen n’est pas forcément encore sensible à l’ironie et aux discours cachés et n’a peut-être pas encore le recul nécessaire pour cerner les différents niveaux de lecture possibles. Le "P’tit curé" compense en partie ces propos par son attitude en gérant toutes les tâches domestiques pendant qu’Izumi peint ou s’amuse et celle-ci a un rôle majeur dans la résolution du combat entre l’exorciste et Mammon. Le tout contrebalance là aussi un peu la teneur des propos du démon.

Côté dessin et intrigue, on reste sur les codes classiques du shonen  : un trait vif et un peu brouillon lors des scènes de combat, des corps de femmes aux attributs exagérés, une "princesse" à protéger et la lutte du bien contre le mal. Quelques planches sont visuellement assez phénoménales, comme celle de l’exorciste malheureux avouant porter le lourd fardeau de sa vie.

Make the exorcist fall in love, tome 1 - Extrait 4
© Aruma Arima - © Masuku Fukayama

Avec à ce jour six tomes parus au Japon, Make the exorcist fall in love a encore de beaux jours devant lui. L’intrigue de fonds tient la route même si les discours tenus peuvent potentiellement choquer et les doubles sens passer inaperçus auprès du public-cible traditionnel de ce shonen finalement assez surprenant. En clair, une série à suivre avec un tome 3 déjà annoncé pour le 10 janvier 2024 !

(par Gaëlle BEDIS)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782302100558

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Gaëlle BEDIS  
A LIRE AUSSI  
BD d’Asie  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD