Notre confrère Actualitté n’a pas manqué d’ironiser en publiant sur son compte Instagram une perspective parlante où le stand de plus en plus grand du libraire en ligne s’insère entre celui du groupe Gallimard-Casterman-Flammarion et celui du Livre de Poche du groupe Hachette. Il en rajoute en publiant un article incisif où la présence d’Amazon à Livre-Paris est considérée « comme une capitulation ».
Cette proximité a, paraît-il, mis en colère l’éditeur germano-pratin. Il faut dire que la présence d’Amazon sur le marché croît d’année en année atteignant, selon Booksquad citant une étude, 50% des ventes en ligne de livres lesquelles sont favorisées par une augmentation exponentielle des nouveautés (près de 5000 dans la BD, le livre en comptant près de 60 000) car aucun libraire ne peut en permanence conserver un tel stock alors qu’Amazon le peut.
Nous tomberons d’autant moins dans la critique facile du géant américain qu’il figure parmi les librairies où nous renvoyons nos lecteurs, considérant que pour ceux d’entre eux qui habitent des régions éloignées, Amazon est l’une des rares plateformes capables de leur rendre ce service.
Là où nous sommes interloqués, c’est en visitant le stand d’Amazon à Livre-Paris et en tombant sur l’affichage de leur « Top des ventes ». À la première place du podium, le dessinateur Marsault qui avait défrayé la chronique (notamment judiciaire) par une « non-expo » en septembre dernier, un auteur « tricard » chez bon nombre de libraires et de festivals, connu pour sa vulgarité et ses positions extrêmes, ce dessinateur coiffe au poteau Les Enfants de la Résistance de Ers & Dugomier (Le Lombard), Moi ce que j’aime c’est les monstres de la multi-primée Emil Ferris (Monsieur Toussaint-Louverture), ou encore les mangas Dragon Ball d’Akira Toriyama (Glénat) et La Magie du rangement de Marie Kondo chez Kurokawa...
Cela pose question, car outre le fait qu’Amazon est déjà réputée pour être, selon Le Figaro un repaire de littératures conspirationnistes, c’est en réalité un algorithme qui est à l’origine de cet accessit : « Toutes les plateformes qui ont à gérer des contenus (livres, films, photos), écrit Le Figaro, utilisent des algorithmes pour faire le tri, les mettre en avant ou au contraire les censurer. Sauf que les plateformes refusent souvent de reconnaître ce manque de neutralité en prétendant qu’il ne s’agit que de « tri automatique ». Elles refusent aussi d’en rendre compte à travers la transparence des algorithmes. »
Et peut-être est-ce son exclusion chez certains libraires qui pousse de facto ses lecteurs à acheter chez le libraire en ligne boostant une audience qui favorise encore davantage son exposition par ce « tri automatique » qui l’a mis en a mis en avant à Livre-Paris. Voilà qui donne encore de l’eau au moulin de ceux qui considèrent que les GAFAM constituent un danger pour la démocratie.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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