Les vacances de Noël ne s’annoncent pas joyeuses pour tout le monde ! Dans l’internat d’un grand lycée de Marseille, un certain nombre d’élèves sont contraints de passer seuls les fêtes de fin d’année car oubliés de leur famille éloignée ou ...inexistante.
En ces années 1930, la vie de pensionnaire n’est une partie de plaisir pour personne, ni même pour les maîtres d’internat chargés de la surveillance. Cette année, c’est le redouté professeur Merlusse qui doit assurer ce service. Craint par la plupart des collégiens, la nuit de Noël ne s’annonce guère festive. Il faut dire que le vieux maître est borgne et porte sur le visage les cicatrices de blessures de guerre qui lui accentuent encore un peu plus son aspect rude et bougon.
Les éditions Bamboo viennent d’entreprendre un gros travail d’adaptation des œuvres de Marcel Pagnol sous les auspices de Serge Scotto, petit-cousin du célèbre compositeur ami de la famille et Nicolas Pagnol petit-fils du célèbre écrivain. Au delà des best sellers comme La Gloire de mon père, l’éditeur a choisi de s’intéresser à d’autres ouvrages, parfois connus de l’académicien.
Si cette histoire a été adaptée au cinéma par Pagnol lui-même, on ne peut pas dire qu’il s’agisse de son œuvre la plus connue, ni la plus réussie. Ce récit de jeunes pensionnaires confrontés à la vie monastique des internats d’avant-guerre présente certes un portrait peu flatteur de l’institution et de ses représentants, mais ne demeure pas très originale.
Le cadre de cette intrigue minimaliste en rappelle bien d’autres, dont un certain cinéma a parfois usé, voire abusé ! Si le succès fut au rendez-vous, comme il y a quelques années avec les Choristes, la recette n’est hélas, pas toujours garantie.
Bien réalisé techniquement, servi par le graphisme assuré de Alexandre Dan, comment un album comme Merlusse peut-il trouver son public ? Quels lecteurs ce récit pétri de bons sentiments (l’éditeur le présentant comme un beau conte de Noël ) peut-il encore séduire aujourd’hui ?
Des adolescents facebookés vingt quatre sur vingt quatre aux quelques amateurs nostalgiques d’un système scolaire révolu et disparu, lesquels seront susceptibles de faire le succès de ce livre ? C’est toute la question de cette prise de risque, certes mesurée, mais qui a tout de même le courage d’exhumer une histoire peu connue au charme rétro, apaisé et attachant.
(par Patrice Gentilhomme)
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© Illustrations Stoffel, Scotto & A.Dan– Editions Bamboo 2015