"La BD à l’assaut de la littérature" titrions-nous en avril 2007, au moment où les éditions Delcourt lançait leur collection Ex-Libris. Et de rappeler que l’adaptation en BD de classiques de la littérature était aussi ancienne que la BD elle-même. Les expérimentations les plus diverses ne manquèrent d’ailleurs pas ensuite.
Restait à mettre en valeur les individualités de notre terroir. C’est le cas avec Marcel Pagnol et Per-Jakez Helias.
La gloire de Pagnol
"Adapter une grande œuvre classique n’est jamais simple, écrit Hervé Richez, le directeur de la collection Grand Angle chez Bamboo. Par le passé, beaucoup s’y sont cassés les dents. Et si aujourd’hui la collection Grand Angle de Bamboo édition franchit le pas, c’est pour une raison simple et belle comme un lever de soleil sur les collines provençales : Pagnol n’est pas un auteur comme les autres."
C’est une histoire de famille en quelque sorte, celle d’un petits-fils : celui de Marcel Pagnol, dont on célèbre cette année les 120 ans de sa naissance, Nicolas, grand amateur de BD, et d’un petit-cousin de Vincent Scotto, le compositeur des films de Marcel Pagnol, Serge. C’est pour eux le moyen de prolonger l’œuvre du fameux écrivain qui n’avait pas peur de l’adaptation puisqu’il a porté lui-même ses romans à l’écran.
Le programme s’amorcera avec La Gloire de mon père, dessiné par Morgann Tanco (Novembre 2015), et se poursuivra avec Merlusse sur un dessin d’A. Dan (Novembre 2015), puis avec Topaze dessiné par Eric Hübsch au premier trimestre 2016. La collection va se poursuivre au rythme de 2 à 3 titres par an jusqu’en 2020. Nous y reviendrons.
Hélias le Breton
Nous sommes dans une même démarche de transmission avec l’adaptation en bande dessinée du Cheval d’orgueil de Per-Jakez Heliass, adapté en BD par Bertrand Galic et Marc Lizano pour la collection Noctambule chez Soleil.
Il faut dire que l’on célèbre les 20 ans de la disparition de l’écrivain breton.
Là encore, l’album paraît en novembre. Le Cheval d’orgueil raconte les souvenirs d’un jeune garçon dans la Bretagne rurale de l’entre-deux-guerres.
Un monde qui disparaît peu à peu et que ce genre d’ouvrage perpétue en faisant reluire les usages, les coutumes et la langue. C’est la rencontre entre le scénariste Bertrand Galic et la fille de l’auteur Claudette Helias, à Rennes, qui est à l’origine de ce projet. Il a été d’autant plus facilement accepté qu’elle est la maman de l’auteur de BD Malo Kerfriden qui signe d’ailleurs la préface.
"Pour un scénariste breton, se lancer dans l’adaptation de l’emblématique Cheval d’orgueil constitue évidemment un défi et comporte une sacrée part de risque, dont je suis conscient mais qui me stimule" dit Bertrand Galic. La subjectivité du dessin de Lizano (L’Enfant cachée) donnera sans aucun doute à cette adaptation un cachet unique.
En cinéma, une grande part des scénarios est tirée de livres et, comme on sait, de bandes dessinées. De son côté, la BD se fait de plus en plus vecteur de littérature. Aveu de faiblesse ? Certains le pensent. Pas forcément pourtant ; combien de romans seraient-ils dans nos bibliothèque s’il n’y avait pas eu d’adaptations cinéma ou bande dessinée pour en prolonger le rayonnement ?
Une bonne histoire reste une bonne histoire, quel que soit le support.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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