Il serait quelque peu réducteur de ne voir en Fabien Velhmann que le scénariste de « Seuls » (dont le 8ème tome sortira le 8 novembre prochain). « Les 5 conteurs de Bagdad », « Les Derniers jours d’un immortel » (que Futuropolis vient de rééditer), « L’Ile aux 100 000 morts » ou l’indispensable « Marquis d’Anaon » sont autant d’albums démontrant le talent de l’auteur à traiter de sujets multiples tout en s’entourant pour ce faire d’auteurs graphiquement aux antipodes les uns des autres. Le talent d’ Éric Sagot n’échappe pas à la règle. Mais qu’en est-il de cet album ?
Avant de s’être fait un nom au sein de la chiourme, Paco fut instituteur. Un crime passionnel le conduira malheureusement à embarquer en direction du bagne de Saint-Laurent du Maroni, à l’extrême ouest de Cayenne en Guyane. Cinq ans à tirer, ça reste jouable même si l’espérance de vie y est d’à peine deux ans une fois le pied posé à terre. Paco le sait et un tatouage ronflant, ça peut aider. Ni une ni deux, la Bouzille, le « Joyeux » de Biribi, autre endroit carcéral tricolore implanté en Afrique du Nord, ne se fait pas prier pour lui graver la mort dans la chair. Cela n’empêchera pas Paco d’être baptisé Pâquerette après sa première nuit en cabane. C’est à un avenir de « Môme » que notre professeur des écoles est promis. À moins qu’un coup de surin bien placé ne change la donne… Désormais, il sera "Paco les mains rouges", un détenu respecté au même titre que les « premiers paris » et autres caïds régnant en maîtres au bagne. Mais quelle issue attend notre gueule d’ange devenu meurtrier malgré lui ?
La série La Grande Évasion (Editions Delcourt) avait mis à l’honneur les forçats de Biribi. Les récits – peu nombreux jusque là – sur les établissements pénitentiaires français du XIXe et du début XXe trouvent un second souffle avec ce diptyque consacré à un détenu, un « fagot » parmi d’autre bien décidé à ne pas moisir en cellule. Richement documenté, cette première partie tient toute ses promesses tant scénaristiquement que graphiquement. Le dessin n’est pas sans rappeler quelque peu David B. et l’utilisation des couleurs sépia renforce cette sensation d’un passé que l’on aurait trop souvent oublié de se remémorer. Un brillant premier album.
(par Matthieu MORVAN)
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