Pigalle, 1950 - Par Arroyo & Christin - Dupuis

Par David TAUGIS le 22 avril 2022

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Pigalle, 1950 - Par Arroyo & Christin - Dupuis

De la campagne reculée aux lumières de Paris, un polar initiatique situé dans le monde de la Nuit. L'inspiration romanesque de Pierre Christin trouve un joli cadre dans une capitale superbement croquée par Arroyo. Du bon mélo grand public finement documenté.

Toinou, 18 ans, quitte son Aubrac natal pour monter à la capitale. Ras-le-bol de la solitude rurale. Un cousin installé à Montmartre l’héberge et lui offre un travail : livreur de charbon. Antoine (son vrai prénom) se fait vite adouber par le personnel du cabaret qu’il fournit régulièrement avec sa carriole. De fil en aiguille, il y passe plus de temps et finit par rejoindre le personnel. Au bar, mais pas seulement. Car tout n’est pas légal dans les affaires de ce lieu de plaisir, rendez-vous des fortunés, des politiciens et des maffieux.

Saluons d’abord la longévité créative de Christin, 83 ans, probablement le plus ancien scénariste francophone en activité. Valérian, son œuvre la plus connue, a tendance à cacher les nombreux one-shot qu’il a signés avec une pléthore de dessinateurs. Son inspiration romanesque fait souvent référence à des périodes historiques marquées, comme ce milieu du XXe siècle qui suit la Seconde Guerre mondiale.

Pigalle, 1950 - Par Arroyo & Christin - Dupuis

Ce récit d’apprentissage bénéficie d’une fluidité incontestable. Antoine, naïf provincial qui devient homme de main dans le milieu de la nuit, attire une sympathie immédiate et ses malheurs à venir nous touchent d’autant plus. Le style réaliste d’Arroyo, en sépia impeccable, dresse un portrait de Paris et de sa banlieue remarquable de détails et de force expressive. On a même droit à un bonus en fin de volume sous forme d’illustrations pleine page.

Si Pigalle, 1950 ne souffre d’aucun temps mort, sa trame demeure très classique, un peu trop peut-être. Ce joli mélo fera office de belle découverte pour les jeunes générations, qui ignorent probablement tout du Paris de l’époque, où même les pires crapules restaient bien habillées.

(par David TAUGIS)

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