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Fantask s’intéresse au cul de la pop [PODCAST]

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 23 avril 2022                      Lien  
Au moins, c’est clair : nous avons ici une publication pour adultes avec du « contenu explicite. » L’éditeur de ce « mook » (néologisme qui désigne un magazine qui a la forme d’un livre) a choisi ce titre par dérision : en effet, "Fantask", les vieux amateurs de comics s’en souviennent, c’était une revue publiée par les éditions Lug en 1969 où l’on pouvait lire les productions Marvel : "Fantastic Four", "Le Surfeur d’argent", "Spider-Man"... Elle avait été interdite par la censure au bout du 7e numéro en raison de ses « dessins effrayants » et de ses « couleurs criardes ». Que diraient-ils des productions d’aujourd’hui qui déferlent, qui plus est, sur tous nos écrans ? Nous avons rencontré son éditeur.

Interview : D. Pasamonik. Production : ActuaBD.com

Fantask s'intéresse au cul de la pop [PODCAST]

Le contenu de ce Mook est très différent de la revue d’origine. Elle veut « aborder les cultures pop », entendez par là la littérature, le cinéma, la bande dessinée, le jeu vidéo, les jouets et… la philosophie.

Dans tous leurs états : le Mal, par exemple, était le sujet du premier numéro qui se demandait pourquoi Hitler ou les serial-killers étaient devenues des icônes pop recherchées par un large public.

Retournement des symboles, déconstruction des mythes et des valeurs, effacement de la frontière entre les genres, amène à ce que la subversion de jadis, celle de Hara Kiri ou de Charlie Hebdo par exemple, est devenue hors d’âge, voire… subversive ! Dans une interview introductive, l’érudit Jean-Pierre Dionnet qui a vécu cette révolution aux premières loges, raconte son histoire qui commence avec le Barbarella de Jean-Claude Forest  : « Barbarella va influencer tout ce qui va suivre, des « fumetti per adulti » au Valentina de Crepax, ainsi que des comics érotiques dans des revues américaines très branchées. »

Toutes les créatures sont de la partie
© Fantask

Rodolphe Lachat, le patron de Huggin & Muninn qui pilote cette publication depuis New York, s’est intéressé aussi aux parodies, par exemple celles, sexuelles de Tintin, avec une interview de l’ineffable Jan Bucquoy, le fantasme que cache les histoires de princes et de princesses, la « difficile sexualité des super-héros  » où l’on apprend que le créateur de Superman, Joe Shuster, dessinait pour lui des choses fétichistes, que Batman et Robin sont peut-être en couple. Manara y va de son interview, Céline Tran parle de sa collection Porn Pop chez Glénat ; la revue reproduit la célèbre orgie de Wallace Wood mettant en scène les personnages de Disney... Partout, la Pop Culture, dans son ensemble, godille de façon surprenante entre moralisme et subversion.

Quand le grand Wallace Wood détourne l’univers de Disney
© Fantask

Le point intéressant, alors que l’érotisme et le porno constituent le summum du consumérisme (le porno, c’est le moteur d’Internet en termes de business), c’est que le traitement du sexe dans la pop culture, si l’on en croit Maïa Mazaurette qui intervient dans ce numéro, est d’une banalité affligeante : nos super-héros en matière de sexualité « revivent éternellement la même aventure », le désir féminin étant tout simplement ignoré. Quelques pages plus loin, l’artiste Cary Kwok conseille « d’y réfléchir à deux fois avant de coucher avec Clark Kent… » en raison de la puissance de ses fluides… Effectivement, vu comme cela, ça donne à réfléchir.

Le prochain numéro s’intéressera au complotisme, un autre genre de pornographie mais de la politique…

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782374920236

Photos en médaillon : Rodolphe Lachat – Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

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