Seidou doit fuir sa Guinée natale, pour s’être engagé politiquement du mauvais côté. En dépit d’une situation personnelle confortable et malgré son attachement au pays, la menace l’oblige à trouver refuge ailleurs. Il pense d’abord au Mali voisin, mais le danger le poursuit, la porosité politique des deux pays étant évidente. Ce sera donc l’Europe, et pour un francophone diplômé, l’hexagone paraît idéal comme but final. Direction d’abord la Libye, et un périple de plus en plus difficile.
Ce témoignage ne vaut pas seulement par sa force documentaire et la sympathie de Seidou. Il nous prémunit de l’indifférence, de l’impression de connaître le sujet. La BD multiplie, depuis quelques années, ces parcours de vie d’un continent à l’autre, mais ce récit met en évidence un degré de sacrifice élevé : Seidou est non seulement menacé, mais il a vraiment beaucoup à perdre.
En croisant les époques pour rendre le scénario plus dynamique, les auteurs décrivent des épisodes marquants du parcours de notre migrant : la vie en Guinée, l’hostilité des Maliens, l’horreur d’un camp syrien, l’argent à distribuer à chaque étape. Et le labyrinthe des démarches en France, avec ses associations, ses avocats "d’office" et l’attente angoissante. Pour Seidou, l’histoire se termine bien, mail il lui reste tout de même une vie à (re-) construire, et à lutter contre la solitude qui guette, d’autant plus dans la France cernée par la Covid...
(par David TAUGIS)
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