Il est incorrigible. À 83 ans, Siné reste l’emmerdeur magnifique qu’il a toujours été, jamais avare d’évidences définitives pétries d’un anarchisme viscéral. Revenu à l’école dont il s’était fait proprement virer à 14 ans, ou plus exactement exfiltrer par un prof d’atelier compréhensif qui, ayant décelé son talent, lui a trouvé un boulot, ce qui lui permit de quitter le circuit scolaire sans trop de casse, il s’y trouve exposé comme s’il avait obtenu un diplôme de l’établissement.
Jouissant de son imposture, Siné expose ses travaux les plus divers, de ses premiers caricatures aux couvertures coup-de-poing de Siné Massacre ou de L’Enragé, aux objets à l’effigie de ses célèbres chats, en passant par son illustration satirique du Code Pénal ou encore ses parodies érotiques de tableaux de grands maîtres qui doivent en édifier plus d’un dans cette école bon chic bon genre.
Pour en rajouter dans la provoc, dans son discours, après avoir remercié ses hôtes, l’enragé s’adresse directement aux étudiants pour leur expliquer que tout ce qu’ils vont apprendre dans cette école ne leur servira à rien, qu’il va falloir le désapprendre car rien ne remplace l’expérience personnelle. La direction de l’école hoquète de rire…
À un moment, Catherine Sinet, l’épouse du dessinateur préféré de Philippe Val, montre un grand carton sur lequel on peut lire les notes de Siné au cours de l’année 1942 : Bonnes notes en dessin et en français, catastrophiques en mathématiques... « Bon travail mais se laisse parfois aller à la fainéantise » note un professeur. Tu l’as dit, bouffi. Quelques temps plus tard, son prof d’atelier sentant venir le clash lui trouve un job d’assistant graphiste…
Dans les couloirs d’Estienne lors de l‘inauguration, le bruit courait que finalement on lui accorderait, son diplôme. Ils ne sont pas bien rancuniers…
Cet événement a lieu alors que le vieil anar publie chez Hoëbeke Mon Dico illustré, un recueil de ses textes issus de ses éditos et qu’il a rassemblés par ordre alphabétique. En lisant ses définitions, on comprend un peu mieux les dégoûts et les parti-pris du Titi de Belleville devenu une figure de l’anarchie graphique. Siné, c’est le cancre qui fait rire toute la classe en ouvrant sa gueule contre l’autorité. Ses camarades rient sous cape et ne mouftent pas, tandis que les roustes sont pour lui. Heureusement, de tout, il se marre, et nous avec lui.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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Exposition du 7 décembre au 7 février 2012, ouverte du lundi au vendredi de 9H00 à 19H00 ( à l’exception des périodes de vacances scolaires)
École Estienne - 18 boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris
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Photos : D. Pasamonik (L’Agence BD)
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