Un long plan-séquence de quarante-six pages se déroule devant nos yeux. On y rencontre toutes les petites anicroches de la vie de couple ou du désespoir de ceux qui espèrent tomber amoureux. Cette vision globale présente des situations de recherche perdue d’avance ou de chute sans fin. Un plan d’ensemble des petites contrariétés auxquelles tout un chacun peut être confronté.
Le titre nous annonce un vaudeville d’aujourd’hui écrit par un Marivaux moderne. Veyron vise peut-être un petit peu trop haut. En effet, il perd dans cet album ce qui faisait le cynisme décapant d’un Edmond le Cochon ou de L’Amour propre ne le reste jamais très longtemps. On a l’impression qu’il tombe dans une sorte de nostalgie des petites choses qui fait les relations entre vivants. Il ne traverse pas son sujet pour nous présenter les sentiments d’attirance et de répulsion qui gouvernent les relations entre hommes et femmes.
Cette divagation de l’œil n’abîme pas vraiment le vernis de nos contemporains et, le plan-séquence aidant, donne une impression de fluidité et de lissage trop grande qui réduit le lecteur à un simple rôle de spectateur.
Peut-être aurait-il fallu des ruptures au niveau de ces digressions qui restent intéressantes. La simple couverture du fait est mise en avant, sans plus : nous essayons de nous satisfaire avant de penser aux autres. L’absence d’un deuxième point de vue n’aide pas à faire corps avec cette critique et à la pousser plus avant. Le but que se fixe l’auteur n’est finalement pas atteintl faute d’un contre-champ.
Oui, nous sommes tous égoïstes, et alors...
(par Vincent GAUTHIER)
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