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Ultimo, quand les créateurs japonais et américains s’associent dans une lutte du Bien contre le Mal

Par Baptiste Gilleron le 1er novembre 2010                      Lien  
{Ultimo}, c'est la rencontre entre les États-Unis et le Japon. D'un côté: Stan Lee, co-créateur des plus célèbres super-héros de l'écurie Marvel, tels que les {X-Men} ou {Iron Man}. De l'autre: Hiroyuki Takei, auteur de la série {Shaman King} écoulée à plus de 2,5 millions d'exemplaires en France. Il en résulte un intéressant {shonen} aux références mystiques sur l'opposition du bien face au mal, mais qui ne dévoile pas encore tout son potentiel.

Japon, XIIe siècle. Un vieil homme nommé Dunstan trimballe deux étranges pantins, Vice et Ultimo, dont il est le créateur. Mais ses deux "œuvres" à l’apparence enfantine sont en réalité des Karakuridôji, des entités mécaniques dotées d’émotions et de sentiments humains. L’un est l’incarnation du mal absolu, et l’autre celle du bien ultime. Le but de leur existence étant de prouver une fois pour toute laquelle des deux forces opposées triomphera.

À Tokyo, au XXIe siècle, Yamato vit comme de nombreux lycéens, entre les problèmes d’argent et une relation amoureuse au point mort. Mais, alors qu’il tente de dégoter un cadeau de dernière minute pour celle qu’il aime chez un antiquaire, l’ado tombe sur Ultimo, une sorte de marionnette en piteux état que son subconscient semble avoir déjà vue.

Ultimo, quand les créateurs japonais et américains s'associent dans une lutte du Bien contre le Mal
Ultimo, le Bien absolu
KARAKURI DOJI ULTIMO © 2008 by Stan Lee-POW ! Entertainment/Dream Ranch, Hiroyuki Takei/SHUEISHA Inc.

Cette rencontre de la légende vivante des comics avec un mangaka mondialement reconnu comme Hiroyuki Takei est un véritable évènement.

Et pourtant, elle n’est pas la seule incursion de Stan Lee au pays du soleil Levant puisqu’en 2009, il avait également signé le concept de Heroman, manga et série d’animation produits par le studio Bones (les animés Eureka Seven, Soul Eater, Fullmetal Alchemist...). Mais Ultimo est bel et bien son premier manga à franchir nos frontières.

On peut trouver une certaine logique dans ce rapprochement entre BD asiatique et américaine puisque l’une et l’autre abordent souvent des thématiques assez proches (la lutte des gentils contre les méchants, l’action, les super-pouvoirs... Autant de choses qu’on retrouve à la fois dans les comic-books et dans les productions essentiellement shonen). L’autre similitude tient au système de publication par épisodes et à rythme régulier.

D’ailleurs, les ponts entre les deux nations ne sont pas tout jeunes : pour preuve, les influences réciproques qui existaient dans les années 60 entre les deux génies Osamu Tezuka et Walt Disney.

Plus récemment, Tsutomu Nihei, auteur de Blame et Biomega s’appropriait le personnage de Wolverine dans son incroyable Snikt ! publié chez Marvel. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter là puisque, comme nous l’annoncions en juillet 2009, le studio japonais Madhouse sort en cette fin d’année ses versions animées d’Iron Man et Wolverine, avant que ne suivent les X-Men ainsi que Blade.

Vice, le Mal absolu
KARAKURI DOJI ULTIMO © 2008 by Stan Lee-POW ! Entertainment/Dream Ranch, Hiroyuki Takei/SHUEISHA Inc.

Mais alors, que donne cet Ultimo ?

Tout d’abord, contrairement à ce qu’on aurait pu penser, l’univers créé par Stan Lee ne montre pas une grosse parenté avec les comics. Le scénariste a su s’adapter aux codes et exigences typiques du manga. Le titre s’inscrit bien dans la pure lignée shonen, à laquelle Takei est habitué. On y trouve donc de l’humour, de jeunes héros au quotidien bouleversé par des éléments auxquels ils ne s’attendaient évidemment pas, et de l’action.

Le scénario a également une portée spirituelle, puisant dans les croyances occidentales et asiatiques. Ainsi, la lutte presque biblique du bien contre le mal se trouve agrémentée d’éléments venus directement du Bouddhisme, la réincarnation en tête.

La plupart des personnages possèdent quelque chose d’intéressant dans leur caractère, tous bien différents les uns des autres, certains étant mieux mis en valeur. On notera d’ailleurs l’étonnante (?) ressemblance du vieux Dunstan avec Stan Lee lui-même. Un clin d’œil fort sympathique sachant que le premier a créé les Karakuridôji Ultimo et Vice, tandis que le deuxième qui lui sert de modèle est à l’origine de la série. Cela prouve aussi, une nouvelle fois, que le scénariste aime apparaître dans ses œuvres et adaptations.

Qui dit œuvre hybride dit changement de méthode. Pour Ultimo, Hiroyuki Takei a dû abandonner ses habitudes de travail japonaises. Exit donc les assistants, place aux méthodes américaines ! Le mangaka a assuré la majorité du dessin laissant Daigo procéder à l’encrage. Bob s’est quant à lui chargé de la mise en couleur des couvertures et autres illustrations. On reconnait aisément le trait de l’auteur, dynamique et agréable. Pourtant, malgré sa maîtrise, le rendu graphique et le design de certains personnages apparait un peu inégal.

Stan Lee ? Non : Dunstan !
KARAKURI DOJI ULTIMO © 2008 by Stan Lee-POW ! Entertainment/Dream Ranch, Hiroyuki Takei/SHUEISHA Inc.

Au final, ce premier tome nous laisse sur un sentiment bancal. Il comporte bien de bonnes idées, des scènes d’actions plutôt efficaces et des passages amusants, mais cela ne suffit pas encore. Pour le moment, tout cela reste très classique et il semble que le sujet n’ait été qu’effleuré. Difficile donc d’émettre un jugement sur le véritable intérêt de cette nouvelle série tant que nous n’en saurons pas plus.

Affaire à suivre.

(par Baptiste Gilleron)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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