XIII aurait-il viré du côté de la force obscure ? C’est ce que semble laisser supposer cet album. Admis dans le cercle très fermé des héritiers des rescapés du Mayflower qui, en bons Protestants, ont accumulé un « bas de laine » à ce point important qu’il rend ce groupe plus important que l’État lui-même jusqu’à financer, au nez et à la barbe des services de la CIA, du FBI et de la NSA des laboratoires secrets mettant au point les plus technologies les plus avancées. Pour quoi faire ? Mais prendre le pouvoir pardi !
On sait que la série XIII est entièrement orientée vers la prise de pouvoir supposée d’une faction d’extrême droite à la présidence des États-Unis. « J’ai dû modifier le scénario à la suite de l’élection de Mr Trump, nous raconte Yves Sente en riant. Nous avons dû rendre les méchants encore plus méchants et les extrémistes encore plus extrémistes… »
Toujours est-il que XIII est une fois de plus embringué dans une mauvaise passe, au point de devoir rejouer la scène initiale de la saga, celle du Soleil Noir. Faux semblants, double jeu voire triple jeu, XIII reste le jouet d’un destin qui s’acharne sur lui. Nous sommes dans la doxa vanhammienne. On attend cependant que le successeur de Jean Van Hamme soit moins impressionné par son modèle, qu’il se libère un peu. Trop engoncé dans la mécanique du complot, il en oublie l’aventure.
Le dessin de Iouri Jigounov est comme à l’habitude précis et impeccable. Mais là en revanche, on souhaiterait qu’il revienne au dessin brossé, un peu « arty » de William Vance. Sa précision, son exigence d’exactitude devrait davantage tendre vers le relâchement. Chez Vance, nous avions un dessinateur sensible au design. Cela se sent moins ici. D’où cet impression générale d’un album un peu clinique.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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