Angoulême 2011 : Istanbul sur la Charente

Galip Tekin, l’une des grandes figures de la BD turque

Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Depuis la création du 1er festival international Istanbulles en octobre dernier, il se passe manifestement quelque chose sur les bords du Bosphore.

Ce n’est pas la première fois que l’on connaît ce genre de débarquement. Bédéciné à Mulhouse et le Festival d’Amiens ont eu en leur temps leur « heure turque ».

Comme l’expliquait dans nos colonnes l’historien et encyclopédiste de la bande dessinée turque Levent Cantek, il y a une longue tradition de la BD en Turquie surtout depuis les années 1990 avec la création de Gırgır, le grand journal fondé par Haldun Simavi, un phénomène de société comparable à Mad Magazine, dont le tirage hebdomadaire comptait 500.000 exemplaires par semaine, soit 2 millions d’exemplaires par mois.

Un tel succès, explicable surtout par le contexte politique, a ouvert la voie à la création d’une cascade de nouveaux journaux : Limon, LeMan, Hıbır, Penguen, Lombak, Kemik, L-Manyak, Uykusuz… le plus souvent créés par des groupes d’auteurs dissidents des précédents titres, un peu comme lorsqu’en France, Pilote généra L’Écho des Savanes, puis Métal Hurlant et Fluide Glacial.

Tunçay Akgün, l’éditeur du magazine LeMan

Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Ceci suscita une floraison incroyable de talents et quelques individualités hors du commun qui se distinguent en strates en fonction des générations. La première génération est celle des Kemal Aratan, Galip Tekin, Tunçay Akgün ou Suat Gönulay, des auteurs qui ont aujourd’hui autour de 50 ans et qui sont au sommet de leur art. Derrière, une autre génération pousse parmi lesquels Ersin Karabulut, Memo Tembelçizer, ou Ugur Gürsoy.

La Cité de la bande dessinée qui avait déplacé l’été dernier sa grande exposition Cent pour Cent à l’Institut Français d’Istanbul, une exposition à laquelle avaient collaboré plusieurs artistes turcs reprenant l’exercice imposé d’hommage aux collections d’Angoulême, a décidé d’inviter ces auteurs à cette édition du festival.

Memo Tembelçizer, l’un des meilleurs auteurs de la nouvelle génération et pilier de Uykusuz.

Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Du coup, cela a créé un véritable mouvement et, entre auteurs, éditeurs et agents, ce ne sont pas moins de quinze Stambouliotes qui feront le déplacement parmi lesquels la grande caricaturiste turque Remize Erer, les éditeurs Tunçay Akgün (LeMan) et Orhan Açar (Uykusuz), les dessinateurs Galip Tekin, Yiğit Özgür et Memo Tembelcizer qui seront présents dans une rencontre le vendredi à 11 heures à l’auditorium de la Cité de la Bande Dessinée et de l’Image, mais aussi Umut Sarikaya et Ugur Gürsoy.

De quoi mettre de l’ambiance sur les bords de la Charente…