On a beau relire le dernier communiqué du FIBD, on se dit que ses organisateurs ont été piqués au radjaïdjah, vous savez, ce poison dans Tintin qui vous fait "chercher la voie". Suite à la pantalonnade qui avait suivi la publication de la liste des prétendants exclusivement masculins aux Grands Prix, une liste concoctée par les organisateurs du FIBD dans le secret de leur bureau, ceux-ci avaient été amenés à inclure six auteures dans la liste des nominés. On croyait l’affaire réglée après cet incroyable couac.
Eh bien non, sous couvert d’une subite et urgente "démocratisation" dans l’élection du Grand Prix, le FIBD a décidé de tout annuler et de laisser aux auteurs le choix des nominés et ceci, tout de suite : "Aucune liste de noms de créateurs/créatrices du 9e Art ne sera, par conséquent, proposée à leur vote, et il leur reviendra de choisir, en toute liberté, le nom du confrère ou de la consœur qu’ils/elles souhaitent élire en tant que Grand Prix."
Le but de la manœuvre est transparent : laisser reposer sur les auteurs eux-mêmes (que le FIBD s’obstine à orthographier "auteur.e.s" d’une manière complètement bouffonne) la responsabilité des choix. Ce sera à elles et à eux de prendre leurs responsabilités.
Un scrutin modifié à 20 jours de l’événement
Sur un plan pratique, le FIBD va créer un site web dédié au vote ("réservé aux seul.e.s auteur.e.s" selon la formulation rigolote du communiqué) dans les jours prochains. "Il s’accompagnera de la mise en place d’un processus de vote adapté" disent les organisateurs.
Il faut bien dire que ces deux derniers jours ont été, du point de vue de la communication, un fiasco total. L’affaire de la "macho-liste" des nominés a fait le tour de la planète, suscitant des commentaires sarcastiques aux USA, au Japon, en Chine. Jamais le FIBD n’aura été aussi ridicule. La première emplâtre féminine sur la jambe de bois masculine n’ayant pas suffi, les organisateurs ont cherché une solution radicale mise en œuvre, évidemment sans concertation, dans l’urgence.
Le "processus de vote adapté", sur un délai aussi court sera-t-il du même acabit que celui d’il y a deux ans que nous avions qualifié de "tartuffe dans les urnes" ? Cette improvisation sur fond de panique semble en prendre le chemin... La démocratie, dont se réclament les organisateurs, méritait peut-être un peu moins d’improvisation et un peu plus de sang froid.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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