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Angoulême 2016 : le Festival change subitement le système de vote du Grand Prix

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 janvier 2016                      Lien  
Manifestement ébranlés par deux jours de polémique sur l'absence de femmes dans la liste proposée au vote des Grands Prix, les organisateurs avaient rajouté in petto six auteures à la liste. Ils viennent à l'instant, à vingt jours de la manifestation, de changer complètement les règles du scrutin.

On a beau relire le dernier communiqué du FIBD, on se dit que ses organisateurs ont été piqués au radjaïdjah, vous savez, ce poison dans Tintin qui vous fait "chercher la voie". Suite à la pantalonnade qui avait suivi la publication de la liste des prétendants exclusivement masculins aux Grands Prix, une liste concoctée par les organisateurs du FIBD dans le secret de leur bureau, ceux-ci avaient été amenés à inclure six auteures dans la liste des nominés. On croyait l’affaire réglée après cet incroyable couac.

Eh bien non, sous couvert d’une subite et urgente "démocratisation" dans l’élection du Grand Prix, le FIBD a décidé de tout annuler et de laisser aux auteurs le choix des nominés et ceci, tout de suite : "Aucune liste de noms de créateurs/créatrices du 9e Art ne sera, par conséquent, proposée à leur vote, et il leur reviendra de choisir, en toute liberté, le nom du confrère ou de la consœur qu’ils/elles souhaitent élire en tant que Grand Prix."

Le but de la manœuvre est transparent : laisser reposer sur les auteurs eux-mêmes (que le FIBD s’obstine à orthographier "auteur.e.s" d’une manière complètement bouffonne) la responsabilité des choix. Ce sera à elles et à eux de prendre leurs responsabilités.

Angoulême 2016 : le Festival change subitement le système de vote du Grand Prix
La page des nominés pour le Grand Prix 2016 a subitement disparu...

Un scrutin modifié à 20 jours de l’événement

Sur un plan pratique, le FIBD va créer un site web dédié au vote ("réservé aux seul.e.s auteur.e.s" selon la formulation rigolote du communiqué) dans les jours prochains. "Il s’accompagnera de la mise en place d’un processus de vote adapté" disent les organisateurs.

Il faut bien dire que ces deux derniers jours ont été, du point de vue de la communication, un fiasco total. L’affaire de la "macho-liste" des nominés a fait le tour de la planète, suscitant des commentaires sarcastiques aux USA, au Japon, en Chine. Jamais le FIBD n’aura été aussi ridicule. La première emplâtre féminine sur la jambe de bois masculine n’ayant pas suffi, les organisateurs ont cherché une solution radicale mise en œuvre, évidemment sans concertation, dans l’urgence.

En 2013, le scrutin du vote du Grand Prix avait tourné à la tartufferie.
Photo : D. Pasamonik (L’Agence BD)

Le "processus de vote adapté", sur un délai aussi court sera-t-il du même acabit que celui d’il y a deux ans que nous avions qualifié de "tartuffe dans les urnes" ? Cette improvisation sur fond de panique semble en prendre le chemin... La démocratie, dont se réclament les organisateurs, méritait peut-être un peu moins d’improvisation et un peu plus de sang froid.

L’étrange communiqué de presse du FIBD

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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32 Messages :
  • Super on va tous pouvoir voter pour Lambil !

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  • Certains des commentaires sur ce site qui tentent de justifier l’illégitimité d’une femme à présider le festival d’Angoulême (au prétexte navrant qu’aucune d’entre elles n’aurait une carrière comparable à celle d’Alan Moore ou de Taniguchi) sont absolument odieux et participent largement de ce sexisme dénoncé par icelles.

    La petite phrase sibylline en toute fin de l’interview de ce Monsieur Bondoux sur Canal+, qui nous dit « vous voyez, moi je n’y suis pour rien, ce sont les auteurs eux-mêmes qui ne votent pas pour leurs collègues féminines » est tout aussi odieuse.

    Le festival d’Angoulême est organisé par une entreprise privée (qui dicte les règles) pour le compte d’une association et avec de l’argent public. En cette matière, de la désignation du président du festival, comme en toute autre, cette entreprise privée devrait agir dans l’intérêt de l’association qui lui délègue son pouvoir et de ses bailleurs de fonds (qui se sont certainement empressés de le lui rappeler d’ailleurs, tant cette malheureuse histoire est politiquement incorrecte).

    Qu’est-ce qui empêche ces organisateurs de désigner une présidente pour la prochaine ou une prochaine édition du festival ? Absolument rien. Sinon qu’ils ont pris la décision de déléguer ce choix à d’autres. Dans un premier temps, en leur tenant la main toutefois, afin de ne pas risquer que ces autres portent leur choix vers quelqu’un jugé trop ringard ou pas assez « international » (le nom de Claire Bretécher n’était toujours pas proposé).

    Quelles sont les motivations qui poussent les auteurs de bande dessinée à participer à cette « élection » ? Le besoin d’exprimer leur goût pour un aîné, voir ce goût triompher ? Le pouvoir d’exercer ce droit de vote, quand les autres amateurs de bd ne l’ont pas ? Un rapport d’inféodation consentie à l’instance supérieure qu’est « l’académie » des grands prix ?

    En tout cas le Monsieur Bondoux, quant à lui, cherche à éviter un nième grand prix issu de la bd seventies parisienne et, surtout, à donner de la légitimité à son futur président par le truchement de tous ces auteurs consentants.

    Alors Messieurs les auteurs (j’écris Messieurs à dessein), l’ajout de cinq femmes à la liste des Éligibles n’était qu’un cache-sexe. Aucune d’entre elles n’ayant de chance d’être élue à court ou moyen terme. Si vous participez à une élection qui ne peut aboutir qu’au choix d’un homme, vous entérinez le fait que ce festival ne peut être présidé par une femme, ce qui est absolument inacceptable.

    Il n’y a que deux solutions : ou bien vous refusez de participer à cette mascarade et rendez aux organisateurs la responsabilité de la désignation du grand prix (et je souhaite bon courage à ce Monsieur Bondoux pour continuer de justifier l’illégitimité d’une éventuelle présidente). ou bien, comme un seul homme, vous ne votez cette fois-ci que pour des femmes, pour leur donner toute la place qui leur revient de droit (et pour donner une bonne leçon à tous les cons qui pensent le contraire).

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    • Répondu par La plume occulte le 7 janvier 2016 à  16:48 :

      Joli discours martial.Il fait honneur aux dames.

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      • Répondu le 7 janvier 2016 à  18:44 :

        C’était long à lire en plus, pour se retrouver au final avec -encore- le pistolet sur la tempe.

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  • Pas clair le communiqué. Va-t-il y avoir une short list avec les 3 noms les plus souvent cités ? Ou est-ce le nom le plus cité qui sera GP (auquel cas il suffit que 30 ou 40 auteurs aient un vote concerté vu la dispersion des votes s’il n’y a pas de liste).

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  • "[auteurs] que le FIBD s’obstine à orthographier "auteur.e.s" d’une manière complètement bouffonne"
    Merci de le faire remarquer ! Cette orthographe caresse dans le sens du poil les plus vindicatifs (-ves !) avec un faux air de componction.

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  • Didier, l’orthographe "auteur.e.s" te paraît peut-être ridicule, mais elle a de plus en plus lieux dans les médias et sur les sites qui se veulent féministes. On en pense ce qu’on veut, mais ça répond à un besoin de féminisation de la langue.
    Evidemment, le fait que les organisateurs du festival se découvrent soudain féministes est, lui, plus sujet à moquerie.

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    • Répondu par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 7 janvier 2016 à  19:55 :

      La langue française a une logique. Auteur, auteure, la forme a été acceptée par l’Académie. Au pluriel, quand les deux sont amalgamés, c’est un masculin à valeur générique qui s’impose. Je ne crois pas que les commissions qui ont travaillé sur ce sujet aient dérogé sur cette question. C’est un barbarisme, rien d’autre. Je suis contre l’intégrisme en religion, alors en grammaire...

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      • Répondu le 7 janvier 2016 à  20:30 :

        Je me demande d’ailleurs pourquoi on choisit lors le terme auteur (auteurs/auteures/auteur-e-s), plutôt qu’artistes ? Ah, si j’étais spécialiste de la com’ (mais je ne le suis pas).

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      • Répondu par Khan le 7 janvier 2016 à  21:19 :

        Et puis logiquement le féminin de auteur est autrice, sinon il faut aussi dire instituteure si c’est une femme.

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        • Répondu le 8 janvier 2016 à  08:42 :

          Et le féminien d’emmerdeur, c’est emmerdrice ?

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          • Répondu par JF le 8 janvier 2016 à  12:03 :

            D’après Brassens c’est emmerdeuresse.

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            • Répondu le 8 janvier 2016 à  14:07 :

              Alors d’après Brassens, ce serait auteuresse.

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            • Répondu par wilbur le 12 janvier 2016 à  11:09 :

              Brassens en fait citait Paul Valéry, qui distinguait trois catégories : emmerdeuses, emmerdantes et emmerderesses ( et non emmerdeuresses, assez désagréable à l’oeil, à mon oeil en tout cas )

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  • HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !
    C’est pas bien de se moquer !
    Et puis si, après tout, ce n’est qu’une tartufferie !
    HAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA !

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  • "auteur.e.s" d’une manière complètement bouffonne

    "réservé aux seul.e.s auteur.e.s" selon la formulation rigolote du communiqué

    Non seulement c’est bouffon et rigolo, mais surtout d’un faux-cul, surtout de la part de ce même FIBD qui méprise les femmes, au point de ne même pas se donner la peine de chercher et trouver des auteures de BD à la carrière longue et prolifique. MDR !

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  • Le principe de compétition en Art est une tartufferie.

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    • Répondu par Yo le 8 janvier 2016 à  18:49 :

      Justement... Et si finalement le FIBD n’était devenu qu’une grande messe commerciale, avec un peu d’expos, de la compét’, pour activer la carte bleu et remplir le tiroir-caisse.

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      • Répondu le 9 janvier 2016 à  09:53 :

        Ça n’a toujours été qu’une grand fête commerciale. Un salon n’est rien d’autre.

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  • C’est rigolo de constater que ce sont les auteures qui ont le moins de talent qui demandent la parité, elles savent que sinon elles n’ont aucune chance. En revanche les auteures de talent (et Dieu sait qu’il y en a) savent que leur tour viendra.

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  • « Tout est rentré dans l’ordre, les mecs ont le contrôle à Angoulême » par Julie Maroh (auteur de : La vie d’Adèle).

    http://www.slate.fr/story/112471/julie-maroh-angouleme-ordre-mecs-controle

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  • Angoulême 2016 système du vote du Grand Prix
    13 janvier 2016 17:14, par Auteur

    Nouveau courrier du festival pour voter :
    Le vote pour la désignation du Grand Prix 2016 du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême est relancé.

    Suite au débat public intervenu au cours de ces derniers jours à propos de la possibilité laissée aux auteur.e.s de désigner une femme comme Grand Prix, ce vote reprend avec une nouvelle donne : une liberté de choix absolue laissée aux auteur.e.s pour se déterminer.

    Par leurs votes intervenus au cours de ces deux dernières années les auteur.e.s ont porté leur suffrage sur deux artistes majeurs et universels, Bill Watterson et Katsuhiro Otomo.

    Dans la quête de reconnaissance de la bande dessinée pour laquelle le Festival s’est engagé depuis 43 ans, le fait de pouvoir mettre en avant auprès du public les talents de cette forme d’expression artistique est un enjeu majeur. En ce sens, la désignation du Grand Prix compte toujours, aujourd’hui comme hier.

    En participant à ce vote, c’est cet engagement que le Festival vous invite à partager.

    Sur un plan formel :

    - Ne peuvent être élu.e.s les auteur.e.s qui ont déjà reçu le Grand Prix (liste ci-jointe).

    - Vous avez jusqu’au dimanche 17 janvier minuit pour participer au premier tour de cette élection. Vous êtes invité.e à donner les trois noms des auteur.e.s (sans ordre de préférence) que vous souhaitez récompenser pour l’ensemble de leur œuvre et leur empreinte sur l’histoire de la bande dessinée. Les trois premiers noms issus de ce premier tour seront proposés à votre vote pour le second tour qui ouvrira le mercredi 20 janvier et se clôturera le dimanche 24 janvier minuit.

    - Le nom du ou de la lauréat.e du 43e Grand Prix du Festival international de la bande dessinée sera annoncé par Katsuhiro Otomo le mercredi 27 janvier en fin d’après-midi à Angoulême, à l’occasion du lancement du Festival 2016.

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    • Répondu le 13 janvier 2016 à  18:33 :

      C’est moi ou a priori, d’après ce courrier, il est possible de voter pour un auteur mort ?

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      • Répondu le 13 janvier 2016 à  18:46 :

        C’est moi ou a priori, d’après ce courrier, il est possible de voter pour un auteur pas encore né ?

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      • Répondu par La plume occulte le 13 janvier 2016 à  23:06 :

        {}C’est moi ou à priori,d’après ce courrier, il est possible de voter pour un auteur, et pas une auteur.e, sans sentir un flingue pointé sur sa tête ou une odeur de grillade pleine de perspectives et de promesses qui se rapproche ?

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    • Répondu par Je me demande le 14 janvier 2016 à  00:04 :

      On doit inscrire 3 noms, mais peux-t-on mettre 3 fois le même nom ? Et un auteur mégalo peut-il voter pour lui-même, et 3 fois ?

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      • Répondu par kyle william le 14 janvier 2016 à  09:08 :

        Et un auteur mort mégalo ?

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      • Répondu par Oncle Francois le 14 janvier 2016 à  12:39 :

        Les libraires et leurs clients connaissent bien mieux la BD que bien des auteurs, il suffit de lire leurs interviews pour comprendre que bien peu achètent les livres de leurs collègues, ou se tiennent au courant de l’actualité du genre (si ce n’est pour pleurnicher sur des conditions de vie qui se dégradent peu à peu, contribuant ainsi au déclinisme ambiant).

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        • Répondu le 14 janvier 2016 à  22:01 :

          Alors réjouissez-vous, j’ai vu le cas de qq auteurs qui offrent leur "log-in" aux lecteurs pour voter à leur place. Content ?

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        • Répondu par Luc Orient le 20 janvier 2016 à  22:26 :

          dans ce cas, pourquoi ne faites-vous pas vous même vos propres BD en les dessinant et les scénarisant, Mr je sais tout ?

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  • Le premier tour de vote, totalement ouvert, a déterminé les trois auteur.e.s qui restent en lice pour le Grand Prix 2016 du Festival d’Angoulême.
    Les trois noms issus du vote des auteur-e-s de ce premier tour sont, par ordre alphabétique :

    - Hermann
    - Alan Moore
    - Claire Wendling

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    • Répondu par Pirlouit le 20 janvier 2016 à  21:54 :

      Merci pour l’info, y a t’il une prime à l’ancienneté ?

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