C’est à l’espace Franquin que les visiteurs pourront explorer l’univers de L’Habitant de l’infini. Plus d’une centaine de planches et d’illustrations y sont exposées. Le parcours couvre l’ensemble du manga et nous transporte à l’époque du Japon féodal.
À l’entrée, un avertissement explique la présence du svastika sur le kimono du héros, qui n’est pas lié au nazisme. Il s’agit en fait d’un symbole sacré en lien avec le bouddhisme et l’hindouisme. Un signalement important pour ne pas susciter l’indignation.
L’expo perd un peu en clarté par la suite. Aucune indication sur le sens du parcours n’est donnée et rares sont les explications de l’œuvre. Ce manque de contextualisation laisse perplexe, bien qu’en cherchant bien, plusieurs axes se dégagent tout de même de la visite.
« Déraison et Sentiment » se focalise d’abord plus sur la dimension poétique de l’œuvre de Samura. Y sont exposées des illustrations plus contemplatives. Des bulles de calmes situées avant comme après la tempête : des paysages, des moments de silence...
La salle suivante, « Le Pavillon écarlate », est la plus impressionnante puisqu’elle regroupe des dessins en couleur à l’huile. C’est une technique que n’aime pourtant pas le mangaka, mais qui donne un beau résultat. Le rouge y est aussi mis à l’honneur - par la peinture qui recouvre les murs, mais aussi, par son nom.
« Manji : La croix et sa bannière » revient ensuite sur Manji, un personnage qui incarne le topos du sabreur taciturne et dont le nom évoque en japonais le svastika bouddhiste, qui symbolise l’équilibre des contraires. L’exposition explique aussi que, pour créer son personnage, Samura se serait inspiré d’un autre héros connu de la fiction de sabre, Tange Sazen.
Le dernier axe de l’expo, appelé « La cinétique des corps », évoque l’obsession du mangaga pour la chair. Graphiquement, Hiroaki Samura arrive à rendre les corps presque palpables et cherche à communiquer les souffrances endurées par ses personnages.
En soi, les planches sélectionnées sont visuellement époustouflantes. Mais le manque d’indications empêche d’apprécier pleinement l’expérience. C’est dommage, surtout quand on connaît l’importance de l’œuvre de Samura dans l’histoire du manga.
(par Malgorzata Natanek)
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