La visite débute avec quelques informations sur la vie de l’autrice, et plus particulièrement, sur son rôle dans la réinvention du shôjo [1]. Le tout est accompagné de planches tirées d’œuvres comme Le coeur de Thomas et Bianca .
Après cette partie introductive, le parcours se poursuit autour de trois thématiques.
D’abord, un espace est dédié à « la fin de l’innocence ». Cette partie met en lumière des personnages très jeunes aux traits fins et très beaux. On y retrouve des figures masculines idéalisées à la veille de la puberté. A travers elles, la mangaka s’intéresse à l’expression des sentiments amoureux et interroge les stéréotypes de genre. L’exposition montre par là sa place de pionnière des boys’ love, qu’elle renouvelle en amenant de l’analyse psychologique.
La thématique suivante, « l’âge des possibles », met l’accent sur la place de la science-fiction et du fantastique dans son œuvre. Plus précisément, il s’agit de comprendre comment la création de sociétés fictives lui sert de levier pour questionner la rigidité des normes.
Le dernier thème, « le temps des conséquences », s’attarde sur des récits plus réalistes où il est question de la famille et des effets de certains traumatismes. Parmi les récits évoqués, on peut citer celui où le jeune Jeremy est victime d’abus sexuels commis par son beau-père, ou encore un scénario qui met en parallèle le tsunami et l’accident nucléaire (Fukushima) de 2011 avec celui de Tchernobyl. Y est aussi évoquée sa relation compliquée avec ses parents, thème qui lui a servi à de nombreuses reprises pour composer ses histoires.
La visite se clôt par une galerie où sont exposées plusieurs planches de grande qualité. On y retrouve d’autres aspects du travail de Moto Hagio : son recours fréquent au clair-obscur, la présence symbolique de fenêtres, ou encore son sens du détail dans la représentation des costumes (voir par exemple l’attention qu’elle porte aux pliures des vêtements, etc.).
Parmi les 163 planches exposées, une partie d’entre elles sont tirées d’œuvres qui n’ont jamais été publiées en France.
En plus d’être une excellente introduction, cette exposition est donc une bonne occasion d’affiner sa connaissance du style d’une autrice charnière dans l’histoire de la bande dessinée.
(par Malgorzata Natanek)
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[1] Pour ceux qui voudraient approfondir ces questions, nous vous invitons à aller lire cet article très détaillé.