Dans une petite ville japonaise connue pour être toujours nimbée de brume, un mystérieux jeune homme séduisant pousse des collégiennes au suicide en leur prédisant un avenir amoureux plein de désillusion et de malheur.
Ryusuke, un jeune collégien qui vient de revenir à la ville, va lui aussi tenter de se confronter au mystérieux jeune homme, pour lever le voile sur un événement tragique survenu durant son enfance...
Itô au sommet de son horreur
En interview au Festival d’Angoulême, Junji Itô a révélé que L’Amour et la mort était, parmi toute son oeuvre, son histoire favorite. Il ne faut pas plus de quelques pages pour comprendre pourquoi : il y déploie tout son génie dans un festival d’horreur qui réunit ses obsessions et thématiques de prédilection. L’amour et la mort, bien sûr, les fantômes et les revenants, ainsi que la beauté, la folie et le destin.
À bien des égards, L’Amour et la mort pourrait être perçue comme la nouvelle d’Itô résumant le mieux les thèmes fondamentaux de son travail. Et, servie par un dessin impeccable et envoûtant comme toujours avec le maître, on la dévore d’une traite en frissonnant de peur, comme si le lecteur lui-même se retrouvait hypnotisé par le beau jeune homme.
Dans ce recueil, Junji Itô convoque une certaine tradition de l’horreur pétrie de superstitions et de fantômes, jouant sur la frontière entre le paranormal et la folie naissante des protagonistes. L’idée n’est pas tant de faire surgir l’horreur par un biais extérieur aux personnages comme avec un monstre ou un serial killer que d’interroger la vraie terreur larvée en eux, et en nous.
En sus de cette nouvelle, la plus connue et la plus longue de l’anthologie, Mangetsu y a ajouté les deux chapitres de L’étrange fratrie Hikizuri, une sorte de famille Adams version hardcore et dont les (horribles) aventures ne sont pas dénuées d’humour, ainsi que trois histoires plus courtes : La maison des douleurs fantômes, Les côtes, dont l’illustration "climatique" est franchement abominable, et "L’histoire de l’étron plus vrai que nature", aussi intrigante que son nom le laisse supposer.
Après un FIBD 2023 qui faisait clairement honneur à la carrière de Junji Itô, L’Amour et la mort permet de prolonger le cauchemar un peu plus, avant de retourner à la banalité du quotidien. Et cet album fait aussi très bien office de porte d’entrée dans l’œuvre de Junji Itô, pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore, tant elle réunit tous ses thèmes les plus récurrents. À ne pas manquer, donc.
(par Jaime Bonkowski de Passos)
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"L’amour & la mort" - Par Junji Itô - Ed. Mangetsu - 27 € 95 - 01/02/2023 - 416 pages.
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