L’Enfant en moi T. 1 – Par Mamoru Aoi – Ed. Kana

{{Le {Juno} du manga}} Sachi et Takara sont deux amis d’enfance qui ont fini par se mettre en couple en grandissant. Au cours de l’été des 15 ans de la jeune fille, ils ont sauté le pas et ont commencé à avoir des rapports intimes. Hélas, lors d’un de leurs ébats amoureux, le préservatif du garçon a craqué. Ce n’est que lorsque Sachi commence à avoir des nausées qu’elle se rappelle de cet accident. Elle décide alors de faire un test de grossesse loin de chez elle, qui apparaît comme étant positif. Un peu comme le film {Juno} en son temps, {{Mamoru Aoi}} fait fort en proposant une histoire autour de la grossesse adolescente, dont peu de mangas parlent et encore moins en thème principal. Son choix est motivé par un constat : le manque important d’éducation sexuelle chez les adolescents. Le but de l’œuvre est donc avant tout pédagogique, ce qu’il faut garder en tête pour comprendre le message de l’autrice.

L’enfant en moi planche

© Mamoru Aoi / Kana

{{Une œuvre à visée éducative qui reste naturelle et évoque frontalement le désir féminin.}} Cet aspect éducatif se traduit de façon légère et fluide. Les discussions et les pensées de Sachi sont réalistes, elles n’ont rien de forcé. Elle partage notamment ses craintes et réflexions avec Takara, comme l’idée reçu que lors d’un premier rapport sexuel, la fille doit forcément avoir mal. Que ce soit les interrogations et les explications, tout est naturel et elles ne sont pas trop lourdes.

L’enfant en moi planche

© Mamoru Aoi / Kana

Ce sont les deux protagonistes qui rendent le développement de ce manga aussi bienveillant et attachant. Sachi est une personne joyeuse avec beaucoup d’empathie qui réfléchit beaucoup. Takara pour sa part, est attentionné envers sa copine à qui il témoigne un grand soutien. Par ailleurs, les pensées de l’héroïne évoquent son désir de coucher avec son copain. Rares sont les shōjo qui abordent cette envie. Dans {Horimiya} par exemple, la protagoniste le dit de façon assez poétique mais détournée. La plupart du temps, c’est un sujet qui est mis de côté. La tendance est plutôt de mettre en avant le désir de l’homme et la gêne, voir la peur de la femme concernant les relations sexuelles. Ici, les pensées de Sachi dévoilent clairement que c’est quelque chose dont elle a envie et que ça lui plaît. Et oui, une femme peut avoir envie de faire l’amour.

L’enfant en moi planche

© Mamoru Aoi / Kana

Pour ce qui est des planches, il ne faut pas s’attendre à quelque chose de sophistiqué. En effet, les dessins proposent des décors et des paysages modestes. Les personnages eux aussi ne sont pas très détaillés. Malgré tout, une certaine poésie se dégage des graphismes avec de nombreuses scènes contemplatives et sans dialogues.

L’enfant en moi planche

© Mamoru Aoi / Kana

Enfin, pour rester dans cet esprit pédagogique, Kana a travaillé en partenariat avec l’éditeur Au Diable Vauvert ({Questions d’ados}) pour offrir un guide {Pour une sexualité protégée} lors de la sortie du tome 1 de {L’Enfant en moi}. Il sera disponible en libre accès dans les librairies participantes, une initiative pertinente.

Dans les librairies participantes, retrouvez en accès libre le "petit guide pour une sexualité protégée" à l'occasion de la sortie du manga "L'enfant en moi". En association avec "Au diable Vauvert" et son ouvrage "Questions d'ados". pic.twitter.com/2dkNDq7IyA

— Editions Kana (@EditionsKana) January 12, 2024

{{Mamoru Aoi}} parvient donc à construire un récit très humain et bienveillant sur une thématique tabou et assez difficile à traiter, notamment au Japon. De nombreuses informations sont données tout au long du récit sans pour autant nous sortir de la lecture. Même si le titre est avant tout informatif, les protagonistes sont attachants et humains.