L’histoire est rocambolesque, racontée quasiment sur son lit de mort, par Babi Maklouf à ses petits-fils Maurice et Elie. Ce dernier, le plus jeune, était né après la guerre et n’avait jamais entendu parler de cette histoire romanesque au possible. Son grand-père, un Juif modeste venu d’Algérie, guide au Louvre, sachant conduire un camion, est embarqué de façon inattendue dans un sauvetage unique au monde.
On imagine le tableau (de maître) : la fuite sur les routes de l’exode devant l’avancée ultra-rapides des troupes allemandes. La peur, chaque instant, d’être dénoncé, d’être attaqué sur la route par des Stukas en piqué, et pire d’être arrêté en passant la Ligne de démarcation instaurée par Vichy en collaboration avec le régime nazi.
Pour Babi, qui est juif, la conscience du danger est entière, mais pour bon nombre de Français, pendant quelques temps, avec le discours du maréchal Pétain, « la guerre est finie », et il est nécessaire de ramener ces œuvres au Louvre… Pas pour Babi et plus encore sa femme Lucie qui se battent comme des lions pour sauver leur famille en même temps que le patrimoine de la France qui est dans leurs soutes.
On pourrait croire que cette histoire est inventée tant elle est rocambolesque. Elle est pourtant vraie et c’est tout le mérite d’Elie Chouraqui d’avoir su lui donner un rythme, des personnages hauts en couleurs et des situations qui, si elles sont sans doute partiellement réécrites, n’en traduisent que mieux la vérité de cette époque.
Si l’on avait un doute sur les qualités de scénariste de BD de l’auteur de Paroles et Musique et de la comédie musicale Les Dix Commandements, le deuxième volume de ce triptyque mémoriel achève de nous convaincre, d’autant que le graphisme de la talentueuse Letizia Depedri s’améliore de page en page, réussissant à traduire l’énergie survoltée du héros du Louvre.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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