Olivier Coipel : « J’aimerais réaliser mes planches à l’aquarelle ! » [INTERVIEW]

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots aux lecteurs qui ne vous connaîtraient pas ?

Je suis un dessinateur de comics français. J’ai principalement travaillé chez DC Comics, et chez Marvel bien sûr, où j’ai dessiné pour des séries comme Thor, Batman, Spider-Man, La Légion…Après avoir commencé dans l’animation, entre autre chez DreamWorks, je me suis rendu compte que mon premier amour a toujours été le comics, j’y suis donc revenu. Quand je suis parti faire de l’animation aux États Unis, je me suis rendu dans les festivals type Comic-Con et j’ai fini par essayer de montrer un portfolio à San Diego. J’ai été recruté comme ça. Au début, je travaillais dans l’animation la journée et je faisais mes pages le soir.

Si à la base, quand j’étais gamin, j’étais surtout intéressé par les personnages (j’étais un immense fan des X-Men par exemple), je pense que ce sont avant tout les projets et la démarche qui suscitent un intérêt chez moi aujourd’hui.

Olivier Coipel © Marvel

Pourriez-vous décrire le fonctionnement du marché américain, la chaîne du livre ? la façon dont les auteurs sont rémunérés ?

Si on reste sur le Big Two, à savoir Marvel et DC, ils sont propriétaires des licences qu’ils exploitent et donc de l’intégralité de leurs droits. Tu peux être amené à toucher des royalties, mais tu es avant tout payé à la page. Dès que tu atteins la moitié des ventes d’un numéro, tu reçois un chèque.

Si le projet fait cinq, six numéros de 22 pages, il n’y a pas beaucoup de différence, si ce n’est que tu as une échéance tous les mois à négocier avec l’éditeur. Mais en général, on te laisse un mois et demi pour faire un numéro. Dans mon travail, je réalise le crayonné et l’encrage, la couleur pour des couvertures mais pas sur les page courantess. J’aimerai beaucoup faire de la couleur directe. Je suis passé au lavis sur la plupart de mes planches et j’aimerais essayer de les réaliser à l’aquarelle prochainement. Mais pas sur du comics, le rythme est trop intense pour ça. Sûrement sur des projets plus personnels et plus confidentiels…

Olivier Coipel © DC Comics

Pourriez vous nous parler d’avantage de ces projets ? Nous avons notamment pu observer vos formidables illustrations NSFW [1] montrant des corps bien loin des stéréotypes que l’on retrouve dans les canons du comic book américain.

Pour l’instant, je pense que c’est juste un petit délire personnel. Les super-héros, en fait, on les dessines quasiment nus la plupart du temps, ce sont quelques lignes et des couleurs qui vont prouver le contraire et caractériser les costumes et les vêtements. Ces séances de dessin d’après nature étaient comme des récréations pour travailler mes anatomies. À l’inverse des comics, c’est un vrai travail d’observation, tu fais travailler tes yeux. Cet exercice m’aide à m’affranchir de certains automatismes et à observer les corps de façon plus rigoureuse. Puis c’est devenu un plaisir perso que de travailler les courbes, les corps et l’aquarelle bien sûr. Je retrouve le plaisir du dessin de quand j’étais enfant. Pas de storytelling ou de réflexion sur le design, juste on se lance quoi.

Olivier Coipel ©

Ne ressentez-vous pas parfois une certaine lassitude dans votre pratique de la bande dessinée à camper des univers aussi incontournables voir parfois éculés que ceux de Marvel et DC ?

Moi j’adore, le comics c’est vraiment ce que je préfère, un premier amour en somme comme évoqué il y a quelques minutes. Je sais que j’y reviendrai toujours. Les super-héros je les aime, j’ai grandi avec et, pour moi, c’est pas limité : tu as toujours de la place pour de nouvelles interprétations et de nouvelles histoires.

Et dans le même temps, j’aimerais bien faire du franco-belge, des histoires qui parleraient d’avantage de la vie de tous les jours, des gens, des choses plus simples. Par exemple j’ai lu du Bastien Vivès récemment, je vois ses histoires, j’adore. J’aime beaucoup ce qui se fait dans ce que l’on appelle aujourd’hui communément le roman graphique (rires). C’est un format que j’aime, quelque chose de plus paginé, plus dense et dans lequel je pourrais davantage prendre mon temps.

Enfin, les lecteurs veulent savoir, elle en est où l’adaptation de Magic Order sur Netflix ?

Et bien, je ne sais pas ! Elle a été reculée avec la pandémie, et il y a eu un changement de direction au niveau de la réal, il y aussi eu l’échec de Jupiter’s Legacy et donc tout a été mis en pause… Mark Millar m’en parle régulièrement pour me dire que c’est en train de se faire…

Olivier Coipel © Image Comics