66 ans après sa création, le numéro 550 du magazine d’humour MAD dont le lancement est prévu le 20 février prochain, sera le dernier qui sera édité à New York. « C’est la fin d’une époque ! » s’émeut le magazine en ligne « The Daily Beast » qui cite le codirecteur du magazine, Nick Meglin. Un déménagement avant un enterrement de première classe ? Certains le craignent, même si la mort du magazine dont les ventes en 1973 atteignirent 2,4 millions d’exemplaires et dont les ventes actuelles ne dépassent pas 10% de ce chiffre, avait été maintes fois annoncée depuis son origine.
Créé par Harvey Kurtzman en 1952, le magazine était au départ un mensuel de comics publié par EC Comics qui, à son numéro 24, sous la menace des autorités en train de mettre en place un « Comics Code Authority », devint un magazine politique avec un premier slogan qui affirmait que « L’humour est une veine jugulaire », ce magazine étant conçu « pour vous rendre dingues ».
Ce journal influença profondément les créateurs de BD dans de nombreux pays et inspira en France des journaux comme Pilote ou Fluide Glacial. C’est le successeur de Kurtzman, Al Feldstein qui conduisit le magazine jusqu’au succès avec comme mascotte le niais Alfred E. Neuman mis à toutes les sauces de la parodie.
Lors de l’élection de Trump, Alfred E. Neuman, comme à l’habitude hilare, figurait en une avec une casquette électorale de Trump débordant de dégueulis sur laquelle on pouvait lire : « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique).
La Mecque du cinéma et de la télévision
Dans un des premiers numéros de Mad, on pouvait lire une drôlissime parodie de Superman, la figure tutélaire de DC Comics, signée Wallace Wood. Le super-héros complètement idiot molestait d’innocents passants anonymes, tandis que sur sa poitrine, on pouvait lire « Approuvé par l’autorité des démolisseurs », allusion à la commission de censure instituée par les éditeurs de comics, le Comics Code Authority. Ce slogan mouvant changeait de case en case. L’une d’elle mentionnait : « À vendre ». Ce qui finit se réaliser puisque la maison DC Comics fut rachetée par Warner Bros en 1969… Lequel racheta aussi Mad Magazine !
DC Comics avait quitté New York pour Burbank en 2015 après 81 ans passés dans la Grosse Pomme. Logique : le cinéma étant de plus en plus le cœur nucléaire de la bande dessinée US, il était utile que la rédaction de DC Comics se rapproche des scénaristes de la compagnie de cinéma.
Idem pour Mad Magazine : les scénaristes des talk shows et autres programmes humoristiques et parodiques produits par la télévision peuvent se rapprocher du journal et inversement, rappelant le mariage, plus que centenaire maintenant, entre la bande dessinée et l’Entertainment.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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