Les Éditions Dupuis fêtent leurs 100 ans cette année en décembre. Mais elles n’ont pas encore livré tous leurs secrets, notamment ceux de la période sombre de l’Occupation. Il a fallu la publication du quatrième et dernier tome de la série Spirou : l’Espoir malgré tout, paru le 20 mai 2022, pour que la vénérable institution du Mémorial de la Shoah retrace la rencontre Spirou/Nussbaum dans une exposition à découvrir à partir du vendredi 9 décembre 2022.
L’expo reprend la chronologie des albums : le 10 mai 1940, les Allemands violent la neutralité de la Belgique et envahissent simultanément la Hollande, la Belgique et la France. C’est le chaos. Des milliers de Belges sont jetés sur les routes. Spirou a 16 ans, il est groom à l’hôtel Moustic. Que faire ? Il va vivre toute l’Occupation en Belgique jusqu’à la Libération. L’exposition confronte ce récit aux documents d’archives : son administration, sa vie quotidienne, l’attitude de sa population à la fois résistante, opportuniste, collaboratrice ou encore résignée et les persécutions contre les Juifs en Belgique. Des documents qui montrent avec quelle précision Bravo a conçu son œuvre.
Mais il y a mieux : il y a l’émouvante confrontation avec les œuvres de Félix et Felka Nussbaum, obligés de pratiquer leur art clandestinement, dans un atelier caché. Ceci éclaire la situation précaire des artistes, souvent les victimes des régimes de dictature.
Car il y a deux Spirou dans cette expo : la création de Rob-Vel bientôt suivi de Jijé (Joseph Gillain) puis, après la Libération par Franquin et une succession d’artistes, mais aussi le Journal qui, pendant l’Occupation repose sur Jean Evrard alias Jean Doisy, rédacteur en chef depuis 1938 et scénariste créateur de personnage de Fantasio.
Son activité dans Spirou est aussi une couverture pour son activité de résistance pour le Front de l’indépendance, et là nous ne sommes plus dans la fiction. Il utilise le journal et surtout le théâtre de marionnettes le Farfadet (les marionnettes originales sont dans l’expo) comme couverture à ses actions. Mais surtout -et c’est ce qui justifie sa présence au Mémorial de la Shoah - il recrute notamment pour le Comité de défense des Juifs, l’une des branches du Front de l’Indépendance, Victor Martin, « l’espion d’Auschwitz », puis Suzanne Moons, alias « Brigitte », qui contribuèrent au sauvetage de centaines d’enfants juifs belges.
Enfin, dans la section « La bande dessinée française et belges sous l’Occupation », vous découvrirez quel rôle ont joué certains grands éditeurs et certains grands auteurs (notamment un certain Hergé…) pendant cette période noire.
À travers l’œuvre humaniste d’Émile Bravo, c’est toute une période de l’histoire qui est interrogée et, avec elle, la notion d’héroïsme, d’engagement, d’humanité, de solidarité, de justice.
Le commissariat de l’exposition est assuré par notre grand timonier Didier Pasamonik que nos lecteurs connaissent bien. Nous ne manquerons pas de couvrir l’événement et de rencontrer Émile Bravo pour l’occasion.
Voir en ligne : Découvrez le site du Mémorial de la Shoah
(par Kelian NGUYEN)
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Spirou dans la Tourmente de la Shoah
Au mémorial de la Shoah de Paris
17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004 Paris
Tél. : +33 1 42 77 44 72
E-mail : contact@memorialdelashoah.org
Site web : www.memorialdelashoah.org
Le Mémorial de la Shoah est ouvert du dimanche au vendredi.
Fermetures annuelles : le 1er janvier, le 1er mai, le 14 juillet, le 15 août, le 25 décembre.
Fermetures certains jours de fêtes juives : 6 avril 2023, 12 avril 2023, 26 mai 2023.
Accès Métro : Saint-Paul ou Hôtel-de-Ville (ligne 1), Pont-Marie (ligne 7)
Bus : 96, 69, 72, 76, 67, Balabus
Parking : Baudoyer (place Baudoyer), Lobau, Pont-Marie (rue de l’Hôtel-de-Ville).
Facilités d’accès pour le public handicapé
Musée et exposition
Entrée libre – 3e étage
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