On connaît le principe de cette exposition calquée sur la tétralogie d’Émile Bravo, Spirou : L’Espoir malgré tout (éditions Dupuis) : la Belgique est envahie et Spirou découvre l’Occupation, en même temps qu’il s’inquiète pour son amoureuse Kassandra, une jeune fille juive disparue dans l’Allemagne nazie ; il rencontre un couple de peintres juifs, Felka et Félix Nussbaum, qui ont vraiment existé et qui ont disparu dans la tourmente de la Shoah. Leur destin nous est révélé en même temps que leurs œuvres.
Il y a aussi le destin, tout aussi authentique, du rédacteur en chef de Spirou pendant la guerre, Jean Doisy, résistant, créateur de Fantasio et de Valhardi, mais aussi du club des Amis de Spirou et promoteur du théâtre de Farfadet, un théâtre de marionnettes qui prolonge les aventures de Spirou alors que le journal est arrêté par l’occupant en 1943. On va découvrir le rôle déterminant de Doisy dans le sauvetage de milliers d’enfants juifs belges.
Enfin, l’exposition se termine sur la situation de la bande dessinée pendant la Seconde Guerre mondiale en France et en Belgique et la compromission ou non des uns et des autres avec l’occupant.
L’originalité de l’exposition toulousaine est qu’elle documente la présence des Républicains espagnols et des Juifs belges et étrangers dans la région toulousaine, et en particulier dans les « camps des plages » où se sont retrouvés le père d’Émile Bravo, Emilio, Républicain espagnol, enfermé à Argelès tandis que Félix Nussbaum, l’a été à Saint-Cyprien, le camp voisin. Voilà qui donne encore une dimension supplémentaire au chef d’œuvre d’Émile Bravo.
La proximité des camps de Gurs, de Saint-Cyprien ou Du Vernet a permis d’enrichir la partie de l’exposition concernant « les Indésirables » par des objets du musée provenant de fonds inédits, comme des dessins provenant du camp du Vernet, mais également de prêts consentis par le camp du Récébédou ou le Château de la Hille.
La partie concernant la Belgique sous l’occupation s’accompagne également de sa dimension toulousaine. Un grand nombre de familles belges ont trouvé refuge à Toulouse et plus largement dans la région encore considérée en zone libre. Des archives de Belges immigrés à Toulouse ainsi que des photographies inédites de Germaine Chaumel donnant à voir cet exode complémentent les documents du Mémorial de la Shoah. C’est le cas en particulier de l’un des carnets de F. Ponzan Vidal, passeur espagnol pyrénéen qui a fait passer de nombreux résistants belges vers l’Espagne pour rejoindre l’Afrique du Nord ou l’Angleterre.
(par Kelian NGUYEN)
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Spirou dans la tourmente de la Shoah
Musée départemental de la Résistance et de la Déportation de Toulouse
52 allée des Demoiselles
31400 Toulouse
Tel : 05 34 33 17 40