Interviews

Run (15 ans du Label 619) : « Le travail de Rue de Sèvres, pour nous faire connaître, porte ses fruits. » [INTERVIEW]

Par Kelian NGUYEN Romain GARNIER le 4 avril 2024                      Lien  
Le Label 619 prend du galon ! Pour ses quinze ans d’existence, celui-ci a eu le droit à un espace dédié au Hall 57 du festival d’Angoulême. Le Label 619 en temps que tel sera l'invité d'honneur du festival de Chambéry. Une première dont Run, auteur de Mutafukaz et père-fondateur de la structure, se félicite. Il faut dire que les auteurs du label ont le vent en poupe (Mathieu Bablet, Neyef et Guillaume Singelin). Ils ont marqué de leur empreinte les critiques et le public de ces dernières années. Pour cet anniversaire, Run a accepté de revenir sur l’histoire de la structure, ses auteurs, ses influences, ses perspectives et sa volonté de promouvoir une bande dessinée « métissée », ainsi qu’une pop culture française réhabilitée.

Le Label 619 marque un jalon dans l’histoire de la BD moderne après 15 ans d’existence, êtes-vous d’accord avec ça ?

Run : Je pense que je n’ai pas le recul suffisant, ni pour m’en rendre compte, ni pour le constater. Moi, je suis tellement dedans depuis le début que je ne perçois pas trop la manière dont les gens ont vu arriver le machin. Je sais que, souvent, quand les gens me parlent de Mutafukaz, ils me disent : « quand on l’a vu arriver, pour nous, c’était un ovni ». Pour moi, ce n’était absolument pas un ovni parce que ça faisait longtemps que je le pensais. Il était arrivé à maturation.

Donc, écoutez, tant mieux si les gens pensent qu’on a révolutionné le game. Nous, dans l’idée, on cherchait pas forcément à être en rupture avec la franco-belge. Je voulais juste faire bouger les lignes. C’est-à-dire que moi j’ai grandi, comme tous les gamins des années 1980, au carrefour du comics avec l’héritage franco-belge. J’ai grandi avec les Schtroumpfs, Achille Talon et les Tuniques bleues. Mais, dans l’autre main, j’avais aussi Strange, Spider-Man… et puis les animés sont arrivés à la télé : Goldorak, Candy… Puis ensuite Akira, puis encore ensuite Dragon Ball en manga…

Donc, finalement, moi-même, quand j’ai commencé à faire de la bande dessinée, elle était naturellement métissée. Mais je ne me posais pas ces questions-là, je faisais juste de la BD. Par contre, je me suis rendu compte que ce métissage des genres était problématique quand, un, je voyais qu’il n’y avait aucune autre œuvre telle quelle dans les librairies et quand, de deux, les éditeurs me disaient non. Surtout que j’avais des exigences, on va dire, un peu de taulier alors que j’étais un no name. Mais j’arrivais en me disant que ce serait bien de faire un format plus petit, plus épais, genre 128 pages et tout. Les mecs me disaient : « C’est gentil mais nous on a un système qui fonctionne. Qui es-tu ? D’où viens-tu ? Attends, on va déjà commencer par le début. On va te mettre un scénariste et on verra ce que tu sais faire. »

Et c’est vrai que moi j’étais un peu perturbé parce que j’avais cette naïveté de croire que s’il n’y avait pas de BD comme ça en rayon, c’est tout simplement parce que peut-être que personne n’y avaient pensé. Je me posais vraiment ce genre de questions. Et puis, il se trouve que quand j’ai rencontré Ankama, qui n’était pas encore une maison d’édition à l’époque, et qu’en 15 jours je me suis retrouvé d’auteur de BD tricard, qui voyait porte close chez toutes les maisons d’édition franco-belge, à directeur de collection, directement, je me suis dit : « bah ok on y va quoi ». Et il se trouve que la sortie de Mutafukaz a fait un appel d’air et d’autres auteurs, qui étaient dans le même cas de figure que moi, qui ne trouvaient pas forcément leur place dans le paysage éditorial traditionnel, se sont dit : « Il y a de la place pour nous à cet endroit. »

Après ça, ils m’ont contacté, et progressivement le label s’est monté, sans volonté de révolutionner quoi que ce soit ou de changer les choses, juste faire notre propre écrin et sortir les BD qu’on a envie de sortir.

Run (15 ans du Label 619) : « Le travail de Rue de Sèvres, pour nous faire connaître, porte ses fruits. » [INTERVIEW]
Cette année, pour la première fois le Label 619 disposait d’un stand dédié à Angoulême

Qu’est-ce qui a fait que les portes se sont ouvertes chez Ankama ?

R : Avec Tot (fondateur d’Ankama NDLR.), on trouvait que le marché de la BD franco-belge étais sclérosé. Lui s’était retrouvé confronté aux mêmes problèmes que moi quand il a cherché à faire publier son manga Dofus et son artbook. Les éditeurs lui disaient non. Donc assez vite, contrairement à moi qui n’avait pas un rond, avec le jeu Dofus, il avait de l’argent à investir et s’est dit qu’on allait faire une maison d’édition dans laquelle il pourrait publier ses mangas Dofus. Moi, je suis arrivé pile à ce moment-là.

Puis tout naturellement, lui, il avait pleins de choses à faire, donc il m’a proposé de gérer la maison d’édition et de faire venir des auteurs. C’est comme ça que je me suis dit que j’allais faire une collection qui s’appelait Label 619. Au début, je voulais l’appeler Label 777 parce que c’était mon pseudo, mais je me suis vite rendu compte que c’était peut-être un peu trop nombriliste. En plus, ça fait vraiment, « le Label de Run » et je ne voulais pas ça.

En fait, je cherchais un chiffre ; je trouvais que 777 c’était parfait, mais encore une fois, je ne voulais pas que ça soit trop autocentré et 619 en fait ça vient de Rey Mysterio, le catcher, c’était sa prise finale. Au moment du lancement du Label 619, à la Japan Expo, on avait fait un match de catch qui reproduisait le match du tome 0 de Mutafukaz qui allait paraître plusieurs mois plus tard. Mais 619, c’est surtout l’indicatif de San Diego, qui est la grand Mecque de la bande dessine américaine. Au début du label, j’étais passionné par la culture américaine. En plus, il y a une symétrie qui est nickel : si tu regardes de loin, tu peux lire B .I .G. C’est là que j’ai dit : vas-y, c’est bon. On part là-dessus, c’est très bien.

Qu’est-ce qui se passe quand vous regardez les 15 années écoulées ?

R : Alors, je vais vous dire un truc : ça n’arrive jamais ! On ne regarde jamais dans le rétro. On regarde toujours ce qu’on va sortir. Moi, je sais que les choses n’auraient pas pu se faire sans Ankama. Maintenant, on est chez Rue de Sèvres et eux, pour le coup, l’édition c’est leur corps de métier. Fatalement, on est encadré de manière différente, mais on a la même liberté, ce qui est le truc principal. Toutes les maisons d’éditions ne sont pas capables de la donner. Rue de Sèvres nous la garantit.

En plus, on bénéficie d’un encadrement professionnel avec une équipe plus petite, plus humaine. Quand on a fait la tournée des popotes, c’est les seuls qui ne nous ont pas parlé chiffres. Ils nous ont parlé que livre, que d’histoire, que de fabrication. En revanche, quand je vois toutes les couvertures rassemblées, je me dis : « Il y a un vrai truc. » Je suis content que le groupe soit toujours là, en fait. C’est ça ma satisfaction. Mais ça s’arrête là. Tout de suite après, les questions sont : « quelle est la prochaine BD ? Comment on la fait ? ». La satisfaction c’est de se dire que ça existe ; on est toujours là 15 ans plus tard, ça commence à se savoir. Mais parfois, sur un coup de tête, je pourrais dire : « Vas-y, on passe à autre chose. » D’ailleurs, plusieurs fois je me suis dit : « On arrête. » Parce que notre notre moteur c’est l’envie, tant que l’envie est là, on continue.

Comment rester inventif après 15 ans d’expérience ? Avez-vous parfois la peur de tourner en rond ?

R : Déjà, un, on n’y pense pas parce que, comme je te dis, moi, demain, s’il faut, on arrête tout, sans remord, je me dirais juste : ça a existé et c’est très bien. Après, on essaye toujours de se réinventer parce qu’on a conscience aussi qu’au début, on étaient des jeunes auteurs. Maintenant on devient des auteurs, je ne veux pas dire vieillissants, mais si, tout le monde vieillit. C’est quelque chose dont on a conscience, mais ça ne nous fait pas peur. On évolue, on essaie de se réinventer.

Là, on a sorti de grands dos toilés, on va dire un peu plus classiques, et le public nous dit « C’est excellent le virage que vous prenez ». Non, non, on n’a pas pris un virage, en fait c’est juste que les projets s’y prêtent. En fait, on s’adapte au projet qu’on reçoit, il n’y a pas de ligne directrice. Maintenant on ne va pas faire que des grands formats parce que ça fonctionne mieux, et ça fonctionne mieux ! Non, on s’adapte au projet, on marche au kiff et sans se dire « oh mon dieu ! Est-ce qu’on va toujours être au top ? ». On n’y pense pas vraiment.

Vous vous appuyez sur une jeune équipe aussi, qui va peut-être prendre le relais. Est-ce par eux que passe le renouvellement créatif ?

R : De toute façon, il faut aller chercher des jeunes. Aujourd’hui, on voit une nouvelle génération qui arrive, c’est un truc de fou comme ils sont bons. Donc, s’ils veulent venir avec nous, c’est super. S’ils ne veulent pas, tant pis. Ce qui est sûr, c’est qu’on ne va pas rester sur nos acquis comme des vieux. On ne va pas devenir une caricature de nous-mêmes. On va chercher de nouvelles têtes et c’est normal.

Et puis, ils sont tellement bons, les jeunes d’aujourd’hui, ils ont tellement d’influences différentes. Maintenant, il y en a même des biberonnés au label qui l’ont digéré avec leur propre style. C’est le cas de Petit Rapace qu’on a signé récemment. Alors parfois, ça fait un peu bizarre quand tu parles à un auteur d’égal à égal et que pour lui tu es presque le maître d’école. Heureusement, assez vite, ça retombe parce qu’au bout du compte, c’est juste un auteur qui discute avec un autre auteur.

Les formats Lowreader et Doggybags, viennent-ils de tes influences américaines ?

R : Le format 17-25, on ne l’a pas inventé. C’est vrai qu’en franco-belge, il n’existait pas et c’est vrai aussi qu’on l’a presque imposé. Maintenant, beaucoup de maisons d’édition le reprennent. Mais en vérité, le 17-25, le format de Mutafukaz, c’est le format des comics Silver Age. Mais en ce moment, on fait du 24-32, ce qui est le format classique du franco-belge.

Vous parlez des influences qu’on avait quand on était jeunes, effectivement, Lowreader, c’est des réminiscences de Strange dans lesquels on avait des articles en plein milieu des histoires de super-héros. Alors eux, c’était pour dégraisser au niveau des impôts. Quand il y avait un contenu pédagogique, ils payaient moins de taxes que si c’était du full divertissement. Nous, ce n’est pas du tout le cas. En revanche, oui, c’est une petite madeleine de Proust.

En plus, certaines personnes n’ont pas connu ça. Moi, j’ai envie qu’ils le découvrent avec nous. Contrairement à ces Strange où tu avais un article sur les Aztèques qui n’avait rien à voir, nous, on va essayer de mettre un lien éditorial avec les histoires qu’on vient de raconter, ajouter des clefs de lecture, des clefs de compréhension, du contexte. Mais c’est aussi une façon de faire partager ce qu’on a aimé quand on était plus jeune.

15 ans, pour vous, c’est aussi l’animation avec le film Mutafukaz. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

R : Pas terrible en fait. C’était une aventure humaine extraordinaire avec le Studio 4°C. Le film, en dehors du cadre Ankama, je pense qu’il n’aurait jamais pu exister. Le film a été financé à 100 % par Ankama. C’est déjà miraculeux, c’est unique. Mais c’est aussi compliqué parce que là, comme il n’y avait qu’Ankama au commande et qu’il n’y avait ni de CNC, ni de chaine, ni rien d’autre, il suffisait qu’il y ait des hauts et des bas chez Ankama pour que ça se ressente directement sur le film.

Jusqu’à la fin, je ne savais même pas si on finirait, je ne savais pas s’il allait sortir. Donc compliqué émotionnellement, je dirais. Mais pour le reste, c’est toujours super enrichissant. Tout le travail qu’à fait le studio 4°C, les mecs, c’est des cadors ! Moi, je ne me sentais pas légitime du tout, ne serait-ce que pour leur faire corriger des storyboards.

C’est vrai que je n’en garde pas forcément un excellent souvenir, parce qu’en plus j’avais le reste. J’avais le label 619 à gérer, j’avais mes propres BD, je me suis retrouvé parachuté sur un projet de catch qui était en interne chez Ankama…donc il y avait beaucoup trop de choses pour un seul bonhomme. En plus, le film a été écrit pour durer deux heures, et il y a eu beaucoup de coupes.

Je pense qu’il y a des lacunes de script, etc. Je suis extrêmement satisfait du rendu et du travail du studio 4°C. J’ai peut-être été un peu jeune ou un peu léger, j’en sais rien. Mais le contexte était tellement particulier, que je ne l’ai pas revu depuis la sortie. Puis, globalement, je suis content qu’il existe. Maintenant, est-ce que j’en suis fier ? Je suis fier du travail qui a été accompli par le studio, je suis content que le film existe. Maintenant, moi, je ne sais pas.

Mais ça peut permettre la découverte de la série et plus largement du Label ?

R : Oui, ça arrive, bien sûr. Ce qui est bien chez nous, c’est que chaque projet est une porte d’entrée vers le Label 619. Par exemple, pour Mutafukaz, je sais que Mutafukaz 1886 a été une porte d’entrée vers Mutafukaz et vers le film. Quelquefois, c’est le film qui est une porte d’entrée etc. Tout est possible.

L’idée, quand j’écris des histoires qui sont dans le même univers, je m’arrange toujours pour que les gens ne soient pas largués en cours de route. Malheureusement, ils se sentent souvent largués parce qu’ils se demandent par où commencer. C’est difficile de leur répondre : « par où vous voulez » parce que c’est difficilement audible. Ils ont besoin d’une réponse. Alors je conseille souvent de commencer par l’intégrale Mutafukaz. Si ça plaît, après, tu pourras attaquer par ce que tu veux.

Au vu de la qualité de fabrication, se pose la question de la vente à perte...

R : Tout dépend du nombre d’exemplaires qu’on va vendre, mais c’est vrai que c’est très risqué. Oui, vu le prix, la marge est très réduite. C’est un risque pour tout le monde. D’abord pour Rue de Sèvres, qui finance, et pour les auteurs. Si ça ne se vend pas, on ne gagne pas grand chose, même si on touche un minimum garantie quand même. Mais c’est un pari.

Par exemple, avant que Mathieu Bablet ne devienne Mathieu Bablet, il était, j’ai pas envie de dire, « blacklisté » par le distributeur, mais presque. Un distributeur, dans la chaîne du livre, peut faire un auteur comme il peut le tuer. C’est la mise en place qui va presque déterminer l’avenir d’un livre. Si un auteur ne vend pas forcément beaucoup, son prochain titre, t’inquiète pas qu’ils ne vont pas se dire « ah, on a adoré, on va tester en mettant en place 100 000 ». Ils regardent juste les chiffres, se disent qu’ils ne feront pas mieux, et souvent ils mettent en place un peu en dessous pour éviter d’avoir du surstockage.

Mais quand on a fait Shangri-la, j’étais limite le seul à y croire, dans le sens où, pour être rentable, il fallait vendre plus que le premier tirage. Dans aucune maison d’édition, c’est possible de faire ça. Il y a vraiment qu’Ankama où ils me laissaient un peu faire ma popote. Et moi, je misais sur quoi ? Sur la réimpression. Mais en vrai, c’était complètement un move suicidaire et je sais que d’autres maisons d’édition nous disaient « C’est honteux ».

Limite, ils parlaient de concurrence déloyale. Genre, on n’a pas payé l’auteur. Vous êtes des oufs, on l’a payé, et très convenablement ! C’est juste que les risques démesurés qui ont été pris, on m’a permis de les prendre. Puis en plus c’était pas mon argent, donc ça tombe bien.

Il se trouve que le jeu Dofus permettait aussi à Ankama de ne pas être en stress sur les ventes, en particulier celles de la maison d’édition. C’est un pari et ce pari-là, Rue de Sèvres le fait aussi avec nous. On se dit que l’objet est aussi important, si ça marche tant mieux, si ça ne marche pas, tant pis, on verra le tome suivant. Je sais aussi que mettre un prix qui ne serait pas raisonnable, ça peut tuer un projet. Nous, l’idée, c’est qu’on voudrait que les étudiants, les chômeurs, les gens qui n’ont pas forcément un pouvoir d’achat démesuré, puissent aussi accéder à nos bouquins. Malheureusement, le prix du papier prend 40 % et ça, ça a quand même des répercussions, même chez nous. Ça coûte quasiment deux fois plus cher de fabriquer un bouquin qu’il y a cinq ans.

Est -ce qu’avec le Label 619, vous voulez explorer les genres de la production populaire ?

R : Oui, c’est de la pop culture à l’état brut, j’ai envie de dire. En tout cas, c’est ce qu’on essaye de réactiver en France, parce que je trouve que la pop culture s’est perdue, en fait. Aujourd’hui, on parle beaucoup de roman graphique. Finalement, si tu veux qu’on en parle dans les médias un peu mainstream, il faut que ça soit du Graphic Novel. On n’appelle même plus ça de la BD d’ailleurs. C’est de la BD, mais il faut appeler ça autrement. BD c’est connoté enfant, c’est connoté pas intelligent…Mais nous, on tient à amener une forme de pop culture pas conne. Pour nous, c’est super important : du divertissement, de la réflexion, mais avant tout, du plaisir à la lecture.

Et les BD numériques, c’est quelque chose que vous regardez ?

R : Non. Alors, si, on regarde comme ça, c’est toujours intéressant. Par exemple, pour tout ce qui est œuvre à l’étranger, c’est toujours bien. Maintenant, nous, on est quand même attaché à l’objet.

Et Le webtoon ?

R : On n’en est pas encore là. Pour le coup, on est la génération vieillissante. On ne sait pas faire. Notre force, c’est faire des projets papier. On peut accompagner dans les webtoons, mais aujourd’hui, ce n’est pas prévu. On n’a pas de portail, on n’a rien, on ne peut pas le mettre sur le site du Label 619 qui fait 300 vues.

À l’image d’Ankama, vous pourriez créer votre propre plateforme et adapter vos BD en webtoon ?

R : Mais quel est le meilleur moyen pour tuer les BD papiers que de faire ça ? Je sais que ça existe, mais personnellement, je trouve que c’est une mauvaise stratégie. Après, Ankama, c’est normal qu’il le fasse. C’est une maison qui est historiquement une maison liée aux jeux vidéo. Ils veulent donc développer le côté cross-média de leurs contenus. Mais je trouve que ce qu’ils devraient faire avec leur puissance de feu, c’est faire un peu comme les Japonais, à savoir sortir de vraies adaptations en animation de leur catalogue. Pour moi, ça serait un cercle vertueux. Là où les webtoons, je trouve, viennent potentiellement parasiter la vente des livres. Encore une fois, je ne suis pas marketeux, c’est mon intuition.

Plusieurs auteurs du Label ont été récompensés ces dernières années, est-ce que cette reconnaissance est importante pour les membres de l’équipe ?

R : C’est gratifiant pour l’auteur qui est récompensé. Mais je ne le prends pas pour le Label 619 en particulier. Toute reconnaissance est bonne à prendre, en plus on est quand même resté longtemps dans l’ombre. Maintenant, je ne le prends pas pour moi et personne au Label ne le prend pour le label. Ce sont des réussites individuelles au sein d’un collectif. Après, je l’associe beaucoup à Rue de Sèvres. Jusqu’à présent, je pense que quand on était chez Ankama, peut-être qu’on n’avait pas cette aura de légitimité qu’on peut avoir chez Rue de Sèvres, notamment vis-à-vis du monde éditorial. Je le ressens vraiment comme ça. Encore une fois, c’est une intuition. Peut-être qu’on était un peu boudé, peut-être aussi qu’on n’actionnait pas les bons leviers. Mais je pense quand même que le travail de Rue de Sèvres, pour nous faire connaître, porte ses fruits.

(par Kelian NGUYEN)

(par Romain GARNIER)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782810206117

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Kelian NGUYEN,Romain GARNIER  
A LIRE AUSSI  
Interviews  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD