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Angela Davis — Par Mariapaola Pesce et Mel Zohar — Éd. Des ronds dans l’O

Par Damien Boone le 26 juin 2023                      Lien  
Lorsqu'Angela Davis était enfant, le Ku Klux Klan bombardait les habitations des familles noires. Née au cœur des injustices, elle a passé sa vie à militer pour les droits humains et l'égalité raciale. C'est sur ce parcours, particulièrement au tournant des années 1970, que revient ce livre.

21 août 1971 : Angela Davis est dans une prison en Californie lorsqu’elle apprend que George Jackson, un militant noir américain avec qui elle entretient une relation amoureuse, vient d’être abattu par un gardien dans la cour de la prison dans laquelle il est emprisonné. On lui a tiré dans le dos. Comme pour bien d’autres de ses camarades, on ne sait pas vraiment pour quelle raison Jackson a été tué. Ou plutôt, on ne le sait que trop bien. Quand elle a entamé ses études de philosophie en 1967 à San Diego, Angela Davis a vite rejoint un groupe de discussion pour évoquer la condition noire, avec une lecture marxiste des événements. Déjà secouée par la contestation contre la guerre du Vietnam, l’Amérique se voit donc aussi contestée pour ce qui se passe sur son sol. Davis est une indignée qu’on qualifierait aujourd’hui d’intersectionnelle : pour elle, les combats raciaux, féministes et anti-capitalistes sont liés.

Angela Davis — Par Mariapaola Pesce et Mel Zohar — Éd. Des ronds dans l'O

Le récit de Mariapaola Pesce, italienne, porte sur une période assez courte – quelques années – mais très intense : il s’agit des fondements de l’engagement de Davis, à une époque où les « militants » (faut-il rappeler qu’ils et elles ne demandent qu’à ce que leurs droits soient appliqués) s’organisent dans la rue et dans les tribunaux. La constance des idées frappe, mais aussi les difficultés inhérentes à l’action collective : Davis est ainsi contestée par ses propres camarades masculins parce qu’elle est une femme, tandis que des mouvements plus radicaux refusent d’être associés à celle qui rejette l’action violente. Il arrive qu’on se perde un peu dans un récit pas toujours chronologique, et on peut sans doute regretter le manque d’éléments plus généraux de contextualisation ; à l’inverse, les discussions dans les réunions militantes illustrent bien le foisonnement des idées dans un contexte très politisé.

Le dessin de Mel Zohar est très « pop », ce qui peut produire deux effets : soit cela apporte de la légèreté à un récit marqué par la souffrance des Noirs ; soit ça peut faire pas très sérieux et discréditer un combat politique sur l’autel d’un dessin qui se doit d’être « fun », dynamique, et lisible par le plus grand nombre. À vrai dire, on oscille entre les deux. Dès lors, celles et ceux qui connaissent la vie et l’œuvre d’Angela Davis risquent la déception ; les autres y trouveront de quoi satisfaire leur curiosité.

(par Damien Boone)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : 9782374181332

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