La nouvelle est tombée hier, le 1er avril, sur la page Facebook du maire d’Angoulême, Xavier Bonnefont : « l’acte II » du Festival de la BD d’Angoulême qui devait se dérouler du 24 au 27 juin n’aura pas lieu. »
Vu la date, nous avions reçu l’info avec circonspection, d’autant que ce matin encore, le site officiel du FIBD n’annonçait toujours pas l’annulation. Mais, l’info est vraie. Xavier Bonnefont, en grand communicant que rien n’arrête (de poisson, pour le coup) ne s’est pas encombré de la date et a grillé l’info, aussitôt relayée par Le Parisien, à la suite de La Charente Libre. « Faute de visibilité sur la jauge possible en termes de public » précise l’édile. Et il ajoute : « pour ne pas ternir, avec une édition limitée, l’image de ce festival aussi dynamique qu’ambitieux, phare de notre ville et de toute une profession... », preuve que lui-même était circonspect face à cette édition au rabais.
Nous ne sommes pas vraiment surpris : si les stands avaient fait le plein auprès des petits éditeurs, les grands, eux, qui ne sont pas pour autant des parangons de courage, attendaient de voir venir. Et la dernière allocution du Président Macron ne les a pas plus rassurés. Comment organiser dans le flou, à quelques semaines de la date fatidique, un événement public de cette importance ?
D’autant qu’un boycott signé par près de 800 auteurs, en attente des décisions du ministère de la culture sur leur statut, menaçait la cérémonie de juin. Rappelons qu’environ 1500 auteurs votent chaque année pour le Grand Prix. 800 sur 3000 auteurs estimés, prudence étant mère de sûreté, surtout pour une structure aussi fragile que celle du FIBD, autant préparer sérieusement l’année suivante… Le festival ets donc reporté du 27 au 30 janvier 2022, tandis que le Grand Prix 2021 sera proclamé en juin comme prévu, mais en "distanciel".
Idem pour Japan Expo qui était prévu du 15 au 18 juillet 2021. « On va avoir un an et demi devant nous et on pourra bien se venger de cette édition annulée » nous déclarait Thomas Sirdey, son vice-président, en avril 2020. On rajoute 12 mois désormais.
Qu’en sera-t-il, du coup, des festivals d’Amiens et de Lyon (12-13 juin) qui se plaignaient justement du surgissement angoumoisin sur leurs plates-bandes ? Pas de communiqué pour l’instant.
C’est dramatique, surtout pour les petits éditeurs et les auteurs auto-édités qui comptent beaucoup sur ces manifestations pour boucler leur budget. Les « majors » ont des services juridiques et comptables suffisamment puissants pour actionner la « pompe à phynance » publique. Les autres, cornegidouille !, passeront, comme dans le monde absurde du Père Ubu, à la trappe. Rie de bien réjouissant.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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