Terry Hackman, champion du piratage informatique, est payé pour découvrir les secrets de la conception de jeux vidéo qui font fureur sur le marché. Amoureux de la séduisante Tina, fille de bonne famille, le hacker, devenu clean, refuse dorénavant de pénétrer par effraction à l’intérieur des systèmes informatiques. Backword, le jeu qui bat tous les records auprès des amateurs d’évasions virtuelles, est la cible d’un malfaisant homme d’affaires qui force Terry à en percer les secrets. Mais le virtuel semble plus dangereux que le réel lui-même …
Vous qui lisez cette rubrique derrière votre ordinateur, vous n’ignorez rien du succès croissant des mondes virtuels, ainsi que leurs travers. Fred Duval avait abordé le côté futuriste de ces univers idéalisé dans Travis Karmatronics [1], mais peu de séries avait placé leur intrigue à cheval sur le réel contemporain et l’espace Internet. Corbeyran, scénariste entre autres des Stryges comme le rappelle l’autocollant en couverture pour le lecteur en mal de références, franchit le pas avec ce polar informatique sombre, mais malheureusement un peu fade. Certes, le décor, bien que sommaire, est bien agencé et le débat de société sur la passion et l’isolement provoqué par le virtuel rend le thème intéressant, mais on regrette le manque d’innovation, et le punch qui s’amenuise au fur et à mesure de la lecture.
Rollin a réellement pris son essor grâce à Ombres [2] et ses épisodes pour le Décalogue et consort. Son trait convient manifestement mieux aux intrigues historiques : ses visages, parfois grossiers, entraînent une rupture avec le contemporain, décalage accentué par quelques cadrages approximatifs, particulièrement lors des scènes d’action. Heureusement, son goût pour les ambiances sombres sert le réalisme de ces accros du net, pour la plupart des oiseaux de nuit !
Avec une collaboration d’auteurs aussi prometteuse, on reste sur sa faim avec ce premier tome à 200.000 volts. Faire coïncider les niveaux du jeu avec les chapitres de la série était sans doute un exercice trop périlleux. D’ailleurs, le Niveau 1 est souvent le plus facile et le moins attrayant. Laissons donc le bénéfice du doute en faisant confiance à l’expérience de Corbeyran, et espérons que les levels suivants pimenteront ce premier tome intéressant, mais sans réelle surprise.
(par Charles-Louis Detournay)
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Toutes les illustrations sont © Glénat/Corbeyran/Rollin
[1] Un tome paru en collaboration avec Fred Blanchard aux éditions Delcourt : Néolibertalia
[2] Série complète en 7 tomes avec Jean Dufaux aux éditions Delcourt