Romans Graphiques

Bela Lugosi : l’oeuvre au noir

Par Stéphane GROBOST le 1er novembre 2023                      Lien  
La collection 9 et demi de Glénat consacre son premier opus à un acteur hongro- américain un peu oublié mais au destin fascinant : Bela Lugosi, sans un biopic tragi-comique à l’image de son personnage qui reste prisonnier de son rôle de prince des vampires et restera immortel et maudit, à son image...

Avec cinq mariages et plus de 110 films à son actif, Bela Lugosi est un acteur-phare de l’âge d’or Hollywoodien et l’une des figures les plus emblématiques du cinéma d’horreur. Enterré avec sa cape noire doublée de rouge, Lugosi entre dans la légende du 7e art.

Philippe Thirault et Marion Mousse, associés pour la première fois, signent un roman graphique de plus de 135 pages pour une lecture aussi glaçante que ludique, usant d’un noir et blanc parfaitement maîtrisé avec parfois des touches de rouge.

Bela Lugosi : l'oeuvre au noir

Le scénario s’articule autour d’un flashback centré sur la visite d’un fan absolu, Danny Sheffield, qui découvre un homme malade et dépendant auprès d’une épouse qui ne le supporte plus : tout le drame se noue là. Le séducteur dominateur est aux mains de sa dernière épouse Hope qui ne lui donne plus guère d’’espoir en souhaitant ouvertement sa mort.

De façon fort habille, Philippe Thirault nous fait revisiter la carrière tumultueuse du prince des vampires, son rôle-phare dans le film de Tod Browning en 1931. De son vrai nom Béla Blaskó, Lugosi incarne le comte Dracula comme personne avec un accent plus vrai que nature, celui de son pays d’origine, la Hongrie. Le charme opère et le film fait le tour du monde.

Pour Lugosi, arrivé en Amérique avec 100 dollars et dix mots d’anglais, c’est la consécration. On redécouvre la vie de cet acteur oublié : né en 1882, Lugosi connaît le dénuement et la guerre avant que son charisme ne lui ouvre les portes du théâtre. Quand le communisme s’effondre en 1919 il est obligé de fuir : ce sera Vienne, puis Berlin et enfin les États Unis ! Les débuts sont difficiles mais, en 1927, Lugosi a rendez-vous avec son destin : il monte sur les planches à Broadway pour jouer Dracula.

Ce rôle lui colle à la peau, les spectateurs en tremblent. Pourtant, cette reconnaissance internationale le vampirise. C’est peut-être pour cela qu’il refusera de jouer une autre créature… Frankenstein. Erreur fatale car le film est un triomphe.

Cantonné aux rôles d’épouvante, comme Dracula à son cercueil, Lugosi sombre doucement dans la drogue et en est réduit à tourner en fin de carrière avec Ed Wood, considéré comme le plus mauvais cinéaste de l’Histoire ! Sa vie sentimentale complexe ne lui sera d’aucun secours même si sa dernière épouse reste auprès de lui jusqu’à son départ en 1956.

Le dessin de Marion Mousse (qui a déjà illustré Frankenstein chez Delcourt) donne à cette biographie un aspect d’œuvre au noir fort convaincant : son noir et blanc est clairement expressionniste : les personnages sont tour à tour grotesques et effrayants à l’image du Hollywood de l’âge d’or : la rouge apparaît sur quelques cases pour éclairer la cape du Vampire. L’ambiance des films d’épouvante est bien retranscrite à travers des planches muettes qui permettent de mettre en avant la fascination des spectateurs pour ces films d’horreur. Comme à l’accoutumée, un riche filmographie illustrée clôt l’ouvrage.


Un biopic prenant qui montre comment le cinéma peut être un miroir aux alouettes qui piège ses acteurs dans des rôles qui finissent par les « vampiriser » et aussi un bel hommage à la cinéphilie qui permet de garder la mémoire de ces stars déchues.

(par Stéphane GROBOST)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

🛒 Acheter


Code EAN : 9782344042670

CONTENUS SPONSORISÉS  
PAR Stéphane GROBOST  
A LIRE AUSSI  
Romans Graphiques  
Derniers commentaires  
Abonnement ne pouvait pas être enregistré. Essayez à nouveau.
Abonnement newsletter confirmé.

Newsletter ActuaBD