Hacendado, l’honneur et le sang - Par Philippe Thirault, Gilles Mezzomo & Céline Labriet - Éd. Glénat

Au sein de cette terre inhospitalière qu’on nomme l’État de Sonora, frontalier avec les États-Unis, quelques villes et villages prospèrent dans un océan de yumas, navajos et d’apaches constamment sur le pied de guerre. Don Armando, le riche hacendado [1] de la région est un descendant d’une ancienne lignée de conquistadores et s’efforce de maintenir les notions de justice et d’honneur, tel un seigneur féodal. Lorsque l’honneur de sa famille est souillé, il prend une décision draconienne : condamner son propre et unique fils, Don Diego, à une mort lente dans le désert.

Dans les rues de la ville résonnent encore des échos d’un crime brutal, où le jeune Don Diego aurait été vu tenant un couteau ensanglanté aux côtés de la belle Doña Joselita, la fille du maire. Convaincu de la culpabilité de son fils, l’hacendado le conduit dans le désert sinistre de Sonora. Territoire redoutable, à la fois hostile par les bêtes sauvages qui le peuplent et par la brutalité de ses hommes. Entre chasseurs d’indiens à la solde et tribus guerrières, personne ne s’attend à ce que le fragile Don Diego puisse s’en tirer...

Hacendado, l’honneur et le sang. Ed Glénat

Tandis que Doña Maria, la mère de Diego, refuse d’accepter les terribles accusations qui pèsent sur son fils, elle se lance dans une quête désespérée à travers les étendues sauvages, déterminée à le retrouver au risque de se perdre elle-même. Dans ce désert impitoyable, où le dernier souffle d’humanité semble s’être éteint depuis longtemps, des vérités perturbantes se révèlent, éclairant davantage les ténèbres.

Album ancré dans la tradition du dark western, Hacendado ne cherche pas a réinventer la roue, mais plutôt à captiver par son esthétique et ses nombreux sursauts en racontant un récit sombre qui, par sa mécanique, montre comment les non-dits, les vérités enfouies, peuvent déchaîner la violence et se révéler destructrices.. On remarque également (et on apprécie) les multiples références aux films cultes de westerns et à Blood meridian de Cormac MacArthy. Bien porté par le scénario de Philippe Thirault (Retour sur Belzagor et Le Vent des Libertaires), on ne peut que sourire par moment, de la profusion de mots en espagnols et de localités ibériques dans ce récit mexicain, mais qui contribuent bien à créer l’atmosphère de la trame. Gilles Mezzomo (Le roi vert, Géricault...), réussit à accrocher l’intérêt du lecteur jusqu’à la dernière page.

Hacendado, l’honneur et le sang. Ed Glénat