Le papa de Gaston est à l’honneur dans ce dernier numéro de l’année. Dix ans après sa disparition, BoDoï saisit l’occasion de la prochaine sortie en librairie de Franquin, Chronologie d’une œuvre (un titre qui en rappelle un autre !) pour refaire le portrait d’un des auteurs les plus célèbres mais pas des mieux connus. Eric Verhoest et José-Louis Bocquet, scénariste notamment des aventures d’Hergé, sont les auteurs de cet ouvrage à paraître très prochainement chez Marsu Productions, nous dévoilent quelques facettes d’un auteur complexe et, dans son genre, révolutionnaire. Fournier, Batem complètent ce portrait tendre et chaleureux d’un auteur à redécouvrir en toute occasion.
Côté rédactionnel, une enquête sur la folie des produits dérivés (à laquelle les revues contribuent aisément dans leurs pages publicitaires !) permet de s’interroger sur ce phénomène. Effet de mode, délocalisation de la production (en Chine évidemment !) et coût, parfois démesuré des objets et des maquettes, aucun aspect de ce marché n’est négligé dans cette enquête plutôt bien faite.
La rédaction a choisi de visiter l’atelier de Baudoin, auteur discret, à la démarche exigeante et originale ; et dont la carrière singulière et sans concession reste bien difficile à résumer en quatre pages. Ce retour sur l’itinéraire du dessinateur provençal, qui aurait pu rester comptable (!) hésite entre l’hommage et le reportage mais permettra sans doute de mieux en approcher l’œuvre éditoriale de l’auteur.
Ce numéro fait une large place aux prépublications, (plus de cinquante pages), en se consacrant à trois séries de bonne facture.
Le troisième épisode de Zoo se termine, splendeur des décors et des couleurs, qualité des portraits et puissance du personnage d’Anna perdue dans les champs de bataille de 1914-1918 ; tout l’ensemble contribue à rendre cette histoire particulièrement émouvante et totalement captivante. Le dessin de Frank n’a sans doute jamais été aussi solide face à une atmosphère tendue et sensible admirablement maîtrisée par Philippe Bonifay.
La seconde série, Sequana de Perger et Henry, nous plonge dans le Paris inondé de l’hiver 1910, l’intrigue se met progressivement en place dans ce décor très début de siècle autour d’un étudiant tourmenté, une jeune femme qui prépare l’internat de médecine et un évêque bien perturbé, la nuit tombe et l’ambiance monte dans ce Paris sombre et humide.
Le second tome de la série d’ Anthony Jean et Mathieu Gabella , La Licorne est la nouvelle histoire du mois. Nouvelle plongée dans le passé avec ce récit qui nous décrit un Ambroise Paré, médecin de la Renaissance que ses recherches sur l’anatomie humaine conduisent à mettre à jour un complot mêlant aussi bien pouvoirs de la science, superstitions et pressions de l’église sur fond de fantastique. Morts vivants, monstres et personnages historiques (Vinci, Paré, Michel de l’Hospital) se bousculent dans cette autopsie d’une légende brillamment illustrée et aux l’ambiances fortes. On pourra donc redécouvrir à travers ce second épisode cette série prévue en quatre tomes à paraître chez Delcourt.
La rubrique Carnet de voyage (coups de cœur d’un auteur pour une région du monde) de ce mois-ci est consacrée à Cosey et au Tibet. Même si on peut regretter l’étroitesse d’une mise en page qui valorise peu les dessins, cette modeste bouffée d’oxygène reste bienvenue après la tension de ces trois histoires.
Au final, un numéro de BoDoï sans révélation tapageuse ni grosse surprise éditoriale, conforme à la tradition. Tradition qui devrait être bousculée par une nouvelle formule annoncée pour janvier !
(par Patrice Gentilhomme)
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BoDoï n°113, en vente partout depuis le 23 novembre, 5,95 €
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