Morio Chitô est un fleuriste passionné par son métier qui a du mal à joindre les deux bouts. Malgré les difficultés, sa famille reste soudée et le soutient dans son travail. Malheureusement, les problèmes financiers vont s’accumuler, poussant Morio à travailler avec son ami Kagayama pour cultiver du cannabis. Voulant sortir sa famille du pétrin et poussé par son amour pour les plantes, il veut créer le meilleur cannabis du Japon. Mais cela ne se fera pas sans encombres à cause des histoires de gangs et des enquêtes de police.
Avant de parler de l’œuvre, il faut revenir sur le rapport que le Japon entretien avec la drogue. La loi japonaise est très stricte en matière de consommation et de trafic de drogue (le cannabis y est interdit). Les condamnations sont lourdes, peu importe la quantité de drogue, et une personne surprise en possession de substances est automatiquement arrêtée. Ce pays n’a aucune tolérance pour les substances illicites, qu’il combat activement. La réputation d’une célébrité peut même être ternie seulement parce qu’on l’a pris en train d’en consommer ou simplement parce que l’on sait qu’il en détient. Ces informations en tête, il est plus facile de comprendre les dangers auxquels s’expose le protagoniste de Tokyo Cannabis et le climat de tension dans lequel il vit.
Au vu de la thématique et de la situation du héros, il est facile de voir des similitudes avec Breaking Bad. Même si Morio n’est pas atteint d’une maladie grave comme c’est le cas de Walter dans la série américaine, les deux ont le même objectif : mettre à l’abri financièrement leurs familles. Ce sont également des génies dans leurs domaines respectifs : pour l’un, il s’agit de la botanique, et pour l’autre, de la chimie. Ces spécialisations expliquent que l’un va se concentrer sur le cannabis et l’autre sur le méthamphétamine. Chacun d’eux est également assisté par une ancienne relation : pour Morio, il s’agit de Kagayama (ancien ami d’université), et pour Walter, de Jesse (ancien élève de lycée).
Même si les deux se laissent marcher sur les pieds, leurs personnalités diffèrent, car Morio est joyeux, gentil et naïf, contrairement au protagoniste de Breaking Bad. Son ancien ami de fac le pousse vers l’élevage de cannabis malgré sa réticence en lui faisant des beaux discours et en lui montrant tout l’argent qu’il gagne « facilement » grâce à l’herbe. Contrairement à Walter (dominant), qui impose à son ancien élève de bosser ensemble, Morio (dominé pour l’instant) se laisse guider par son « ami ».
Plus les évènements avancent, plus la seule solution qui apparaît est celle de se lancer dans la culture de cannabis. Le développement scénaristique laisse penser qu’il n’y a pas d’échappatoire malgré la réticence du héros dont le comportement est crédible.
Au-delà d’exceller en matière de jardinage, Morio est un fan inconditionnel des plantes, ce qui le rend sympathique. Il leur parle et les considère comme des proches (après « le ballon est mon ami » de Captain Tsubasa, voici « les plantes sont mes amies » ). Lorsqu’il s’occupe d’elles, il est capable d’oublier le reste et ses expressions traduisent son fanatisme. Au début du tome, on remarque aussi qu’il porte un pyjama avec des fleurs. Bref, c’est un mordu des plantes !
Et qui dit expert en plantes dit explications ! Le lecteur apprend de nombreuses choses sur la culture de cannabis et ses complexités. C’est ici que l’expertise du protagoniste est mise à profit pour améliorer la cultivation. De façon générale, on en apprend donc plus sur le jardinage et les plantes.
Au bout du compte, la pression se fait sentir et quelques personnages qui poseront des problèmes sont déjà introduits (notamment le policier qui fouine dans tout le quartier). Le mangaka nous donne envie de suivre Morio sur la pente glissante dans laquelle il s’est mis. Parviendra-t-il à créer un cannabis légendaire ?
(par Malgorzata Natanek)
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