Qui est-elle réellement ? Ce sont les questions auxquelles le policier Verhoeven et son équipe vont devoir répondre. Le « petit commandant » n’est pas au mieux de sa forme : sa femme a été assassinée après un enlèvement dans un précédent épisode (Brigade Verhoeven, T. 2 : Irène - Rue de Sèvres). Les souvenirs plus ou moins violents et traumatisants se bousculent dans sa tête et rencontrent les images bien réelles imposées par l’enquête. Une investigation où se mêlent flash-backs, angoisse, blessures intimes pour les membres de la brigade. Au fil de l’enquête, le policier plonge au plus profond d’une misère sociale sordide à l’origine d’une affaire criminelle hors norme en prise directe avec les souffrances de notre époque.
Avec une intrigue aux apparences trompeuses mais aux rebondissements saisissants, les auteurs adaptent l’univers de la série de Pierre Lemaître, primé au Festival du film policier de Cognac. Il faut dire que le romancier est un peu chez lui chez l’éditeur Rue de Sèvres, ayant déjà publié une version BD de son best-seller, Prix Goncourt, Au revoir là-haut, avec Christian De Metter.
Rosie fut la première collaboration avec l’éditeur des deux auteurs de cette reprise. En conservant l’aspect angoissant des histoires et en gardant la personnalité de chaque membre de la Brigade, Pascal Bertho et Yannick Corboz ont su gérer les contraintes attachées à ce genre d’exercice. Chaque personnage est traité en profondeur, soulignant l’impact de l’intime et des fêlures dans leurs implications au cœur de l’enquête. Loin d’être d’un seul bloc, tous se révèlent à la fois humains, fragiles, produits d’histoires complexes et souvent enfouies.
Scénariste et dessinateur ne sont pas des inconnus puisque l’on doit au premier les scénarios de La Voix, chez Vent d’Ouest, et de Chéri-Bibi, chez Delcourt ; et au second un travail important avec Wilfrid Lupano : Les Aventures de Célestin Gobe-la-lune, chez Delcourt et la série L’Assassin qu’elle mérite, chez Vent d’Ouest. Leur entrée chez Rue de Sèvres se révèle plutôt réussie avec cette adaptation efficace, bien menée, au graphisme fluide et au rythme haletant.
(par Patrice Gentilhomme)
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