Chaque année depuis 1991 est décerné un prix, en l’honneur du scénariste Jacques Lob (Le Transperceneige, Superdupont, Delirius, Jerry Spring...), récompensant un scénariste pur ou un scénariste-dessinateur, cela dépend des années, pour l’ensemble de son œuvre. Avec le prix Goscinny, ce prix est le seul à récompenser un auteur pour ses scénarios, ce qui est malheureusement trop souvent considéré comme secondaire par la plupart des festivals et des récompenses en France.
Ce prix, qui a élu domicile à BD Boum depuis 1994, a récompensé la fine fleur des scénaristes français, de Hubert à Pierre Christin, en passant par Frank Giroud, Zidrou et Kris.
À l’initiative de ce prix se trouve Couetsch Bousset-Lob, épouse du scénariste décédé le 24 mai 1990. Elle est bientôt rejointe par sa fille Léonie Lob. Nous les avons toutes deux rencontrées à l’occasion du dernier BD BOUM pour qu’elles nous présentent la philosophie de ce prix aussi rare qu’utile.
C’est donc Wilfrid Lupano, connu pour son œuvre très éclectique, des Vieux Fourneaux au Loup en Slip, du Singe de Hartlepool, prix Cheverny de la bande dessinée historique en 2013 à Un Océan d’amour. Au moment de recevoir ce prix, Wilfrid Lupano nous explique ce qu’il représente pour lui et revient sur son nouvel album, La Bibliomule de Cordoue, dessiné par Léonard Chemineau. L’histoire de cet album se passe à la fin du Xe siècle, lorsqu’à la suite d’une succession dynastique
En 976, à la suite d’un bouleversement politique, a lieu un autodafé de dizaines de milliers de manuscrits tirés de la magnifique bibliothèque de Cordoue, qui était alors l’un des centres culturels de l’Europe et qui souhaitait alors rivaliser par sa magnificence avec Bagdad et Constantinople. Face à ce désastre, Tarid, un eunuque grassouillet en charge de la bibliothèque, essaye de sauver ce qu’il peut de ce savoir en péril en chargeant le maximum de manuscrits sur le dos d’une mule et en s’enfuyant à travers l’Espagne, accompagnée d’une jeune copiste noire, et de son ancien apprenti devenu voleur.
Parlant à la fois d’une période très peu connue du grand public, celle de l’Espagne musulmane et de sa splendeur culturelle, cette bande dessinée interroge aussi la question du lien entre pouvoir et religion, tout en parlant du monde arabo-andalou, si peu connu du grand public. Ce très bel objet est le récit le plus intelligent, drôle, vivant, audacieux, amusant, profond, éclairant et pertinent de l’année et nous avons demandé à Wilfrid Lupano de nous le présenter !
(par Tristan MARTINE)
Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.