Coup de coeur d’ActuaBD : Miroir de nos peines de Christian De Metter d’après Pierre Lemaître

En publiant Mémoires de nos peines, Rue de Sèvres vient donc de clore la trilogie des «  Enfants du désastre  » ; une adaptation de la saga de Pierre Lemaitre qui se termine dans le contexte très tourmenté de la débâcle de juin 1940.

Ce troisième épisode débute avec la déambulation en pleine nuit d’une jeune femme complètement nue sur le boulevard Montparnasse. Il s’agit de Louise, la fillette de dix ans, gentille complice d’Édouard Péricourt, la gueule cassée d’« Au revoir là-haut  ». Devenue institutrice, la jeune femme arrondit occasionnellement ses fins de mois comme serveuse dans un café des environs. Pour quelle raison se retrouve-t-elle à courir entièrement nue et très affolée dans ce quartier de Paris ? Au fil du récit, en revenant aux origines de ce fait divers, on croise en compagnie de la jeune femme toute une galerie de personnages...

Deux personnages, deux univers différents...

Les différents protagonistes de ce récit choral finiront par se rencontrer en dépit de leur rôle, de leur responsabilité plus ou moins avouable dans ce climat de débâcle, d’exode généralisé et confus, magistralement restitué avec brio par les deux auteurs. Ces personnages très représentatifs de cette période troublée issus de différents parcours traversent ce récit.

Du patron de bistrot au soldat perdu dans cette « drôle de guerre », de l’imposteur au combinard et à l’escroc, bien peu correspondent à la figure du héros combattant. Il faut dire que l’époque est alors plus propice à la magouille ou la débrouille qu’à l’héroïsme bon teint. C’est aussi ce qui fait l’intérêt des récits et des personnages de Pierre Lemaître . On le vérifiera aussi à la lecture des autres adaptations figurant au catalogue de l’éditeur comme Brigade Verhoeven ou Cadres Noirs. On y rencontre bien souvent des individus malmenés par la vie, terriblement secoués par les circonstances mais qui, néanmoins, finissent par trouver une sortie… parfois inattendue ! Cette dernière partie des Enfants du désastre n’échappe pas à la règle.

qui finiront par se retrouver.

L’ambiance de l’histoire est parfaitement rendue notamment par la maîtrise des clair-obscur et des tons colorés de Christian De Metter. Cette atmosphère de déroute, de gigantesque foutoir où tout semble hors de contrôle est décrite en détails, soutenue par un gros effort de documentation contribuant à la crédibilité du propos.

Le dessinateur de [Shutter Island->art9934] a manifestement pris plaisir à dépeindre ce moment si particulier de notre histoire aussi bien à travers son travail sur les lumières que sur le traitement graphique des différents protagonistes.

Ce troisième opus de la trilogie de Pierre Lemaître s’inscrit dans la lignée des précédents volumes, bien qu’il soit possible de les lire indépendamment les uns des autres. Une fois encore, Rue de Sèvres confirme sa position privilégiée sur les terrains des adaptations talentueuses et remarquables. De la belle ouvrage !