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Cité de la bande dessinée d’Angoulême : Un scandale

Par Didier Pasamonik (L’Agence BD) le 25 septembre 2014                      Lien  
Nous recevons aujourd'hui un message déchirant de Gilles Ciment qui, depuis six mois, est mis dans une situation kafkaïenne par la Cité de la Bande Dessinée d'Angoulême dont il était le directeur. Un scandale de plus venant d'une ville qui mérite de moins en moins de représenter la bande dessinée.

Le message a été posté sur Facebook aujourd’hui à 13 heures par Gilles Ciment, ex-directeur de la Cité de la Bande Dessinée. Il est déchirant. Il raconte la situation d’un homme viré dans des conditions contestables et contestées de son poste de Directeur de la Cité.

Son crime ? Avoir contesté son éviction et porté son cas devant les tribunaux. L’origine de son crime ? Avoir essayé de défendre son institution contre les manœuvres du Festival de la Bande Dessinée et de son opérateur 9eArt+ dirigé par M. Frank Bondoux. Cela même contre son autorité de tutelle, le président de la Cité, le sénateur Michel Boutant qui, après avoir soutenu son directeur, en bonne girouette politique, s’est mis à le lâcher. Nos lecteurs savent cela. Nous en avons parlé en long et en large dans nos colonnes. Dans les circonstances de la politique actuelle, c’est hélas devenu une banalité.

Mais là où la situation dépasse les bornes et devient un scandale, c’est quand on apprend qu’elle met M. Ciment dans une position de non-droit. Voici ce qu’il écrit :

"La pétition qui circule depuis une semaine a levé le voile sur l’épreuve que je traverse. Mais concrètement, qu’est-ce que ça représente ?

Eh bien, j’arrive à la fin du SIXIÈME MOIS sans salaire ni indemnité chômage, du fait de la situation délirante dans laquelle m’a placé mon ex-employeur, qui se refuse à mettre un terme régulier à mon contrat (faute de motif), à me verser les salaires qui me sont dus (pour des périodes effectivement travaillées ou pour lesquelles il a perçu des indemnités journalières de l’assurance maladie !) et à me remettre les documents nécessaires à une prise en charge par Pôle Emploi, ce qui m’empêche de toucher les Assedics.

Je vous laisse imaginer ma situation : les traites de la maison à payer, l’eau, le gaz, l’électricité, toutes les dépenses de la vie courante, les frais de justice pour tenter de faire valoir mes droits, des enfants en pleine croissance à habiller et nourrir, le tout sans revenu DEPUIS SIX MOIS !"

Sa situation financière est devenue intenable :

"Aujourd’hui j’arrive au bout. La dernière réserve a fondu : après avoir éclusé notre épargne et celle de nos enfants (pour leurs futures études), c’est mon assurance-vie que j’ai dû essorer pour faire face aux échéances de cette fin de mois. Et ce qui se présente demain n’est guère réjouissant : le Trésor Public nous a laissé un peu souffler, mais le mois prochain il faudra passer à la caisse, et l’addition n’en sera que plus salée.

Concrètement, donc, ce n’est pas qu’une question de bon droit ou de combat contre un Ubu charentais : c’est une question de simple SURVIE. Comment faire face ? Je n’en sais rien et je n’en dors pas."

Il accuse nommément celui qui, selon lui, est responsable de sa situation :

"Que celui qui m’inflige ce traitement le fasse par plaisir, par négligence, par incompétence ou pour m’étrangler afin de me faire abandonner mes actions en justice importe peu : c’est une famille qui est maltraitée d’une façon odieuse par un élu de la nation, lequel se présente justement dimanche prochain devant les grands électeurs pour conserver son siège au Sénat.

Sans vergogne. Je me faisais une autre idée de la politique et des mandats électoraux avant de connaître, ici à Angoulême, les comportements du maire d’Angoulême Philippe Lavaud hier, du président du Conseil général et sénateur Michel Boutant aujourd’hui.

C’est cruel et consternant."

Nous ne pouvons que joindre notre indignation à la sienne. La lettre que nous écrivions hier à la ministre Filippetti vaut pour son successeur, Madame Fleur Pellerin. Il est inconcevable que la République ne fasse rien pour ce professionnel respecté et mondialement reconnu.

Il faut faire cesser ce scandale.

(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))

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13 Messages :
  • Cité de la bande dessinée d’Angoulême : Un scandale
    25 septembre 2014 16:53, par f*Parme

    Pour l’instant, à part cette pétition, il n’y a aucune autre moyen de manifester massivement notre profonde indignation.

    f*

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    • Répondu le 25 septembre 2014 à  23:06 :

      Autant la situation est en effet intolérable, mais qu’il prenne un bon avocat en même pas un mois en référé devant le Conseil de prud’hommes il obtient ses documents légaux et le payement de ses salaires...

      Répondre à ce message

      • Répondu par f*Parme le 26 septembre 2014 à  09:00 :

        Il a déjà un avocat…
        f*

        Répondre à ce message

        • Répondu par Oncle Francois le 26 septembre 2014 à  12:39 :

          L’employeur est obligé de fournir ce document à un salarié licencié ou ayant terminé son CDD. C’est la loi, et nul ne peut s’y soustraire. Il ne faut pas hésiter à signaler ce fait à Popaul Emploi, qui pourra toujours envoyer une ou deux lettres recommandées, mais évidemment, la saisine des hommes prudes, plus officielle et gratuite dans ce cadre, puisque l’employeur est tenu de respecter un minimum d’obligations élémentaires, est elle-même à conseiller.

          C’est généralement le bras de fer entre un employé licencié (ou en fin de CDD) et son employeur, notamment quand il s’agit d’une PME. Le droit est généralement su coté du salarié, et le Code du travail a été établi pour réglementer les choses. Ici, Gilles Ciment doit se battre contre une grande administration, qui a tout son temps pour elle, et va essayer de gagner à l’épuisement de son adversaire. Par solidarité,je viens de signer cette pétition !

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      • Répondu par Gerald Auclin le 27 septembre 2014 à  10:35 :

        ... sauf que Gilles Ciment travaille dans la fonction publique. Il ne dépend donc pas des prudhommes mais du tribunal administratif.

        Répondre à ce message

    • Répondu par gv62 le 30 septembre 2014 à  08:59 :

      De toute façon, c’est toujours pareil avec l’état et les élus : "FAITES CE QUE JE DIS ET CE QUE JE VOTE, PAS CE QUE JE FAIS !!!". Les élus se moquent des lois, des réglementations, etc.... Et dans son cas c’est le même problème. Un salarié du privé aurait effectivement déjà eu gain de cause, et la société aurait déjà été sévèrement sanctionné. Mais dans notre "dictature" des politiques se disant Démocrates, les petits perdront toujours

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  • Cité de la bande dessinée d’Angoulême : Un scandale
    25 septembre 2014 17:51, par Eric H

    je suis très triste pour lui et ses proches. ce qu’il subit, les auteurs le subissent quand on leur assène un "la série va s’arrêter là " "on peux pas continuer" "mais on reste ouvert a tous vos projets" comprendre : rentre chez toi... et si dans six mois t’arrives à sortir de la noyade on verra. Avec la différence de l’indifférence.
    Combien d’articles ?
    Cette fois ça touche un représentant d’une institution. triste. Brulez moi cette cité de la BD...ouvrez plutôt des bibliothèques.

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    • Répondu le 25 septembre 2014 à  19:35 :

      En fait, la Cité est la plus grande bibliothèque de BD de France. Et elle est vraiment extraordinaire.

      http://www.citebd.org/spip.php?rubrique5

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    • Répondu le 25 septembre 2014 à  19:58 :

      Oui, moi aussi ça m’a fait penser à ce que vivent les auteurs dont on arrête brutalement la série. J’avais laissé un commentaire mais on a répondu que ça n’avait rien à voir...les auteurs ça vient de leurs contrats avec les éditeurs...donc en gros, normal. Mais lui c’était un vrai salarié donc pas normal...

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    • Répondu par Jean-Marc L. le 29 septembre 2014 à  09:25 :

      Vous oubliez un détail : un auteur de BD est indépendant, et aurait donc pu mettre à "profit" ces six mois pour passer à autre chose, même si cet autre chose n’a rien à voir avec la BD. Dans le cas de Gilles Ciment, il y a fort à parier que tant que sa situation administrative n’est pas réglée, personne ne peut l’employer régulièrement à faire autre chose.

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