Runberg, détenteur d’une maîtrise en histoire contemporaine - cela ne s’invente pas - est allé à la rencontre de réfugiés et d’ONG pour approfondir son sujet et étoffer son récit. Mais il choisit ici le parti-pris de ne localiser ni géographiquement ni temporellement son récit, même si les noms et les paysages sont toutefois fortement inspirés de l’Europe de l’Est et peuvent évoquer les guerres de l’ex-Yougoslavie.
L’auteur voulait que chacun puisse s’identifier aux personnages, il voulait montrer ce qui se passe quand notre quotidien se retrouve bouleversé par un conflit armé, qu’on ne sait plus à qui se fier et que nos propres enfants sont en danger même chez eux.
De ce point de vue, le récit est plutôt réussi et les personnages assez intéressants. Il s’agit cependant d’un premier tome, qui a donc principalement pour charge d’installer le récit, ses protagonistes et l’environnement. La lecture est plaisante, et certaines scènes de violence qui surgissent dans la vie courante des personnages sont vraiment réussies. Dans une guerre civile, aller acheter un cadeau d’anniversaire pour sa fille relève ainsi du véritable combat, et organiser une séance de cinéma dans la salle des fêtes du village devient un acte de bravoure.
Le dessin est quant à lui assez inégal. Il instaure une ambiance froide et violente, mais les visages laissent parfois à désirer. Peut-être est-ce simplement une question de style ?
Un premier tome introductif assez réussi qui donne envie de lire la suite et amène à se poser quelques questions sur notre monde, et ce que l’on ferait dans de telles situations.
(par Vincent SAVI)
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Clivages T. 1 : Lignes de Front - Sylvain Runberg (scénario) & Joan Urgell (dessin) - Hachette Comics - Robinson - 64 pages - 14,95 € - Sortie le 7 novembre 2018