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Cogito ergo seum - Par Jipeg - Ed. Lapin

Par Benoit MARCHON le 26 février 2024                      Lien  
Jpeg est le nom d’un fichier de format informatique bien connu. Jipeg est le surnom d’un jeune bédéiste qui gagne à être connu ! De son vrai nom Jean-Pierre Traveaux, c’est un Grenoblois de 33 ans dont le surnom était Jipé (forcément !), transformé par une copine de son école de dessin en Jipeg, ce qui lui a bien plu et dont il signe son tout premier livre « Cogito ergo seum ».

« T’as la rèf ? ». Ce titre fait référence à la célèbre citation latine « Cogito ergo sum  » du philosophe Descartes. Mais, par un léger décalage, le simple ajout d’un « e » fait basculer dans le « seum », selon l’expression à la mode « avoir le seum ». Et si l’on se risque à une traduction elle aussi légèrement décalée, cela donnerait « Je pense, donc j’essuie ! », au vu du papier toilette que tient le célèbre Penseur de Rodin illustrant la couverture !

Cogito ergo seum - Par Jipeg - Ed. Lapin
© Jipeg. Editions Lapin.

Jipeg est un grand lecteur de bandes dessinées humoristiques et de séries télé (en particulier Kaamelott). En avril 2020, il a ouvert un compte Instagram où il poste des gags, en général de quatre cases, parfois de six, dans lesquels il décrit sa vie quotidienne de trentenaire, celle de ses potes, celle de jeunes couples (« Mon cœur » revient une vingtaine de fois comme un gimmick tout au long de l’album) avec ou sans enfants. On boit des bières, on mange des tacos (souvent !), on bosse (sans conviction), on fume (un peu), on fait du sport (mollement)…

Pas de personnage récurrent, pas de héros, ni de anti-héros à travers ces 92 mini-histoires. La méthode de travail de Jipeg est la suivante : il demande à ses proches s’il peut les filmer, puis il retranscrit la scène en dessin. Et là, il s’astreint à dessiner des cases avec le même cadrage, quasiment sans action ni mouvement, où les personnages sont comme figés.

© Jipeg. Editions Lapin.

Ce découpage, que l’on peut qualifier de minimaliste, oblige son auteur à peaufiner les dialogues pour amener le lecteur à la dernière case où explose le gag, inattendu, absurde, décalé, qui provoque le rire.

En utilisant avec brio cette pratique très contraignante, Jipeg se situe clairement dans la lignée des nouveaux grands bédéistes d’humour que sont Fabcaro (le maître absolu) et les auteurs de la série Faut pas prendre les cons pour des gens.

© Jipeg. Editions Lapin.

En matière de BD et de dessins d’humour, Instagram est parfois un incubateur de talents, et les éditeurs viennent régulièrement y faire leur marché pour débusquer de nouveaux auteurs. C’est ainsi que les jeunes éditions Lapin, basées à Villeurbanne, ont repéré Jipeg et lui ont proposé de réunir ses gags dans cet album pour lui donner une autre visibilité.

Bienvenue donc et longue vie à Jipeg dans le monde enchanté des bulles de papier.

(par Benoit MARCHON)

Cet article reste la propriété de son auteur et ne peut être reproduit sans son autorisation.

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Code EAN : ‎ 97823775418

Lapin ✏️ Jipeg Humour
 
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17 Messages :
  • Cogito ergo seum - Par Jipeg - Ed. Lapin
    26 février 16:09, par Milles Sabords

    Il ne « s’astreint pas à dessiner », il utilise juste le bon vieux truc de la répétition de situation pour aller plus vite, sans trop se compliquer la vie. On est plus dans une logique de dessin de presse avec un humour à la Groland… Même principe que l’album « Tire sur mon doigt ».

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    • Répondu le 26 février à  21:05 :

      Fabcaro et Reuzé n’ont pas non plus inventé ce procédé. Le plan fixe est vieux comme la BD, et utilisé depuis longtemps par de grands et grandes artistes comme Jules Feiffer, Brétecher ou Lauzier pour ne parler que de la période récente.

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      • Répondu par Milles Sabords le 27 février à  07:11 :

        Avec Jules Feiffer on est aussi dans la satire, le dessin de presse, l’ingéniosité des séquences, avec une énergie, une virtuosité du trait dingue. Pour « Cogito ergo seum » ou « Tire sur mon doigt » c’est juste plat comme une photocopie et un humour pour le petit coin. N’est pas Claire Bretécher qui veut.

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    • Répondu le 26 février à  21:10 :

      Attention Mille Sabords trolle tout ce qui bouge. C’est comme un label de qualité inversé. Dès qu’il casse un livre, on a envie de le lire.

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      • Répondu par Milles Sabords le 27 février à  07:16 :

        Ça tombe bien l’anonyme j’ai adoré CANNIBALE de Reuzé et Daeninckx, que vous ne lirez pas puisque j’ai adoré…

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    • Répondu par Lady Slexique le 26 février à  21:25 :

      Ca fait penser au blog de Vivès, repris par Delcourt en petits livres !

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      • Répondu par Zorg ! le 27 février à  11:18 :

        Pas très fin, mais efficace.
        Il serait digne d’être publié dans les pages de Fluide Glacial, non ?

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        • Répondu le 27 février à  21:11 :

          Oui, vu le niveau actuel de Fluide, il aurait sa place. Mais c’est trop proche de ce que fait Reuzé.

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      • Répondu par Lena M. le 27 février à  20:39 :

        Ou à certains albums de Fabcaro !

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        • Répondu le 27 février à  21:10 :

          Fabcaro et vives qui n’ont pas inventé ce procédé eux non plus.

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  • Cogito ergo seum - Par Jipeg - Ed. Lapin
    28 février 00:41, par Fonky

    Le problème avec l’humour, c’est que c’est censé être drôle... et ça, c’est très subjectif.

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  • Cogito ergo seum - Par Jipeg - Ed. Lapin
    28 février 08:16, par Caporal Gazole non-routier

    Le syndrome Fabcaro (ou itération iconique en langage savant) a encore frappé. Cette facilité, car c’en est une, devient lassante.

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    • Répondu le 28 février à  16:14 :

      C’est surtout que c’est vieux comme la bande dessinée. Ceux qui prétendent que Fabcaro a inventé ce procédé sont tout simplement incultes ou très jeunes.

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      • Répondu par Capitaine Kérosène le 1er mars à  09:59 :

        Oui, mais c’est Fabcaro qui a systématisé ce procédé et l’a popularisé, auprès d’un large public du fait de son succès. Du coup, c’est la référence la plus explicite. Tous ceux qui reprennent le principe passent désormais pour des suiveurs. Il faut qu’ils en soient conscients et l’acceptent ou alors qu’ils se creusent la tête pour trouver une forme plus originale, car là, on est clairement dans l’effet de mode.

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        • Répondu le 1er mars à  17:29 :

          "c’est Fabcaro qui a systématisé ce procédé et l’a popularisé, auprès d’un large public du fait de son succès." Vous n’étiez probablement pas né ou en tout pas lecteur dans les années 60 et 70. Quand bien même on ne s’intéresserait qu’à la BD récente, Fabcaro a emprunté ce mode de narration à des auteurs qui le pratiquaient déjà, notamment à Fluide Glacial. Et il est suffisamment humble pour ne pas prétendre l’avoir inventé.

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  • Cogito ergo seum - Par Jipeg - Ed. Lapin
    28 février 09:04, par bip

    Fabcaro a déjà ses clones, sans doute la rançon du succès.

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