De Coluche, l’on se souvient de deux réflexions. La première, un peu grave, mais tellement vérifiable : « La misère humaine a une dimension inhumaine ». Un constat comme celui-là a dû être un moteur pour l’opération des Restos du Cœur dont le succès ne s’est jamais démenti depuis sa création.
L’autre réflexion n’est pas moins actuelle. C’était au moment de sa vraie-fausse candidature aux élections présidentielles de 1981 : « Quand les politiques cesseront de faire les clowns, je cesserai de faire de la politique ». Sans doute pensait-il à Georges Marchais, dont le numéro de duettiste avec le clown blanc Giscard était très au point.
En période préélectorale, cet album tombe à pic car, qu’est devenue la France depuis 20 ans ? Un bric-à-brac pas drôle avec une droite gaffeuse et raide, à tout dire un peu gauche, et une gauche qui kärchérise les cerveaux avec des discours ponctués de coups de menton et qui a peur de son ombre. La presse satirique n’ose plus rire de Mahomet, la religion étant devenue la référence morale de secours après la faillite des idéologies. Les journalistes miment le sérieux en regardant les actionnaires de leur journal changer à chaque saison, la presse française étant majoritairement sous le contrôle de marchands d’armes. Le cynisme, dans les médias, dans la politique, dans les affaires... est devenu la norme. Dès lors, le discours de générosité et de vérité un peu grossière de Coluche, lui qui rappelait que nous sommes tous des « enfoirés », apparaît rétrospectivement foutrement salutaire.
(par Didier Pasamonik (L’Agence BD))
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